Alienum phaedrum torquatos nec eu, vis detraxit periculis ex, nihil expetendis in mei. Mei an pericula euripidis, hinc partem. [vc_empty_space height="10px"]
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Le Franc CFA, instrument de génocide économique

« Donnez-moi le contrôle de la monnaie d‘une nation et je n‘aurai pas à me soucier de
ceux qui font ses lois. », dixit Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la surpuissante
dynastie desmagnats du système banquier et financier mondial depuis près quatre siècles.
En clair, ceux qui détiennent les mécanismes monétaires sont les véritables maîtres,
faisant subir aux centaines de millions de ceux qui en dépendent, toutes les conséquences
de leurs caprices, y compris les plus iniques.

« Il convient qu’en Afrique la monnaie cesse d’être le territoire du tout petit nombre de
« spécialistes » qui jouent aux magiciens (…) » Joseph Tchundjang Pouemi.

Monnaie de destruction massive

Certains illuminés nous expliquent que le débat sur le franc CFA est dépassé. Mais
comment un débat peut-il être dépassé quand la problématique qu’il pose n’a jamais
connu de solution ? Les articles et autres publications sur la question du Franc CFA et ses
incidences funestes sur les économies africaines qui l’ont en partage font florès depuis au
moins six décennies. Cependant, il ne serait pas superflu de mettre l’accent sur le
caractère criminel de cette monnaie d’oppression des peuples. Il ne s’agit pas d’homicides
involontaires ni de quelques victimes isolées, mais bien de plans machiavéliques de
destruction, de nuisances préméditées, d’asphyxie entretenue et perpétuée des masses
selon des mécanismes élaborés et éprouvés, à destination de populations clairement
ciblées. Selon les définitions consacrées de sources faisant foi, ils’agit bien d’un génocide,
quoi qu’économique. Car, tuer délibérément à la kalachnikov ou étrangler
économiquement conduisent tous à la mort, la seconde plus cruelle, car plus lente,
insidieuse et pernicieuse. Avec le Franc CFA, la France continue de se servir, de sévir et
d’asservir impunément, avec au bilan des pays spoliés et ghettoïsés, des victimes
innocentes par centaines de millions depuis 75 ans aujourd’hui, et en prime,
l’outrecuidance de brandir cette parodie de monnaie comme une aubaine pour les pays
africains. Une insulte de trop à nos intelligences. Tchundjang Pouémi, Kako Nobukpo,
Nicolas Agbohou et bien d’autres, ont mené et continuent de mener le combat de ce
qu’ils considèrent à juste titre comme le gage ultime de libération d’une servitude
monétaire presque séculaire, souvent au péril de leurs vies et de leur liberté, à l’instar du
premier, qui a payé de sa vie l’audace de la publication de son ouvrage intitulé « Monnaie,
servitude et liberté », paru en 1980, et qui déjà dérangeait, puisqu’il y dénonçait
l’escroquerie à ciel ouvert de cet outil de répression économique hautement préjudiciable
à l’Afrique.

Aux origines maléfiques du Franc CFA

Le franc CFA, Franc des colonies françaises d’Afrique, devenu plus tard franc de la «
communauté financière africaine » pour l’Afrique de l’Ouest, et franc de la « coopération
financière » pour l’Afrique centrale, est créé le 25 décembre 1945 par un décret signé par
trois français, à savoir Charles de Gaulle, président du gouvernement provisoire, René
Pleven, ministre des Finances pour le compte de la France, et Jacques Soustelle, ministre
des colonies, pour le compte des pays africains. En somme, une monnaie destinée non pas
à servir les économies africaines, mais à assouvir les appétits voraces de la France, puisque
décidée unilatéralement par celle-ci, et donc dans ses seuls intérêts, à l’exclusion des
africains dont se joue pourtant le destin de centaines de millions d’âmes. Ce qui se fait
pour nous sans nous est nécessairement contre nous.

La France, vaincue et conquise par l’Allemagne hitlérienne en mai 1940 lors de la seconde
guerre mondiale, et qui fera de Brazzaville au Congo sa capitale, n’était pas que sous
dominationmilitaire nazie, mais aussi économique et notamment monétaire. Avec à la
manœuvre Herman Goering, Ministre de l’Economie d’Hitler, la France a subi le nazisme
monétaire allemand avec beaucoup plus de rigueur que les autres territoires conquis par
l’Allemagne, à l’instar de la Belgique et de la Pologne.

Faisant écho de l’asservissement monétaire de la France, René Sédillot publie en 1945 son
livre intitulé « Le Franc enchaîné, Histoire de la monnaie française pendant la guerre et
l’occupation » au sein duquel il constate : « Avec les siècles, les formes de pillage sont
devenues plus savantes. Les anciens Germains dévastaient en toute simplicité les pays
qu’ils avaient conquis. Leurs descendants, en 1940, ont recouru à une méthode de rapine
plus subtile et plus fructueuse : ils ont mis le Mark à 20 Francs ». Cette manipulation du
taux de change en parité fixe qui est une forme manifeste d’oppression, est le principal
visage du nazisme monétaire appliqué à la France qui le reproduira à son tour, et en pire,
sur l’Afrique qui venait pourtant de la libérer de l’occupation nazie. Sacré reconnaissance !
C’est ainsi que la France de De Gaulle créera le Franc CFA en 1945, en appliquant à
l’Afrique quasi in extenso l’arsenal statutaire du nazisme monétaire que lui a infligé
l’Allemagne et qui fut entre autres inclus dans la convention d’armistice signée le 22 juin
1940 entre la France vaincue et l’Allemagne triomphante. D’où la considération logique et
légitime du Franc CFA comme une forme accentuée du nazisme monétaire, synonyme
d’oppression et de servitude économique.

D’un point de vue historique, la France sort de la seconde guerre mondiale avec une
économie lancinante, qu’elle va relever grâce à ses colonies d’Afrique, qui constituent des
sources inépuisables de richesses du sol et du sous-sol, mais aussi de main d’œuvre
gratuite. En somme, une forme édulcorée d’esclavage. Le décret de création du Franc CFA
constitue alors une aubaine inespérée pour la France, puisque le Franc français affaibli et
déprécié allait être revigoré grâce à la parité fixe qui en fera une monnaie stable
bénéficiant d’une base arrière économique solide. En effet, la libre circulation des
capitaux grâce à la garantie illimitée de convertibilité permet aux entreprises françaises
implantées dans les pays d’Afrique de la zoneCFA de rapatrier leurs bénéfices en Europe
sans le moindre risque de change. La France, avec la naissance du Franc CFA, venait de
créer la colonne vertébrale de la Françafrique et de ses réseaux mafieux toujours en
activité, en même temps qu’elle venait de décider unilatéralement de l’arrêt de mort
économique des pays africains concernés. A cette même date de création du Franc CFA,
le 26 décembre 1945, la France ratifiera les accords de Bretton Woods et procèdera à sa
première déclaration de parité au Fonds Monétaire Internationale. Hasard de calendrier?
Certainement pas.

dans un tableau – niveaux d’endettement de quelques pays en 2020 : USA 111% du PIB,
Royaume Uni 163,4%, Suisse 184,7%,, Canada 122% du PIB, Chine 211,9%, Japon 281,3%,
Qatar 114,1%, Mali 36,4%, Bénin 30,5%, Côte d’Ivoire 36,9%, Burkina Faso 46,3%, Niger
19,2%, Cameroun 21,4%, Congo 22,8%, Tchad 16,9%, AFRIQUE SUBSAHARIENNE 42,0%,
MONDE 142,9%, AFRIQUE DU NORD 85,1%, PAYS DE L’OCDE 135,7% (Données Banque
Mondiale 2020)

Les avantages du Franc CFA ? Quels sont-ils au fait ?

D’après les laudateurs du Franc CFA, l’intérêt du Franc CFA pour les pays qui y sont soumis
sont la convertibilité illimitée, la facilitation des échanges pour économies de la zone CFA
et la maîtrise de l’inflation.

Pour ce qui est de la convertibilité illimitée, quand les pays de la zone FCFA vendent à
l’extérieur, le fruit de leurs transactions commerciales en devises sont retenues
partiellement dans les comptes d’opération logés au Trésor Public français, tandis que les
multinationales françaises et occidentales dans les pays de la zone FCFA ont la latitude de
rapatrier intégralement les bénéfices de leurs activités en Occident sans craindre le
moindre risque de change. En clair, la convertibilité illimitée qu’on brandit comme l’un des
atouts majeurs du franc CFA ne profite qu’aux multinationales occidentales et aux élites
africaines, mais jamais au peuple ni à nos économies.
La supposée opportunité pour les pays de la zone CFA dans les échanges commerciaux est
un leurre. L’Europe qui a commencé son intégration politique avant l’intégration
monétaire ne peut pas vendre l’inverse de ce schéma à l’Afrique comme un atout. Si le
partage du CFA par les pays de la CEMAC et de l’UEMOA constituait pour eux un
quelconque avantage économique, cela se saurait, ne serait-ce qu’à travers les données
économiques. Les économies de ces deux sous-régions affichent un volume des échanges
intra-communaux qui n’atteint pas les 10%, quand le volume des échanges à l’intérieur de
la zone Euro est de 61%.

Quant à l’inflation, elle n’a jamais été l’ennemi des économies, car c’est son usage qui fait
la différence, quand on sait que c’est la monnaie précède la production, et que c’est la
production qui crée la valeur et donc qui engendre la croissance. C’est une aberration que
la CEMAC par exemple s’arrime servilement aux critères de convergences de Maastricht
qui exige un plafonnement de l’inflation à 3% du PIB et d’endettement à 60% du PIB,
quand les problématiques des économies respectives sont différentes, et que les pays de
la zone CEMAC où tout reste à faire en termes de développement devraient opter pour
des politiques expansionnistes plutôt que restrictives.

L’absence d’autonomie aussi bien pour ce qui est de la politique monétaire que
budgétaire au sein de la zone CFA, condamnent au sous-développement les pays qui en
dépendent. Les pays qui n’ont pas de liberté d’activation du levier monétaire pour assurer
leur développement du fait de la centralisation régionale de la politique monétaire au
niveau de la Banque Centrale, s’orientent vers le levier budgétaire. C’est pour cela que ces
pays, à l’instar de ceux de la zone Euro, affichent tous des niveaux d’inflation bas, mais en
revanche, des taux d’endettement élevés (afficher les différents taux d’endettement
élevés de ces pays ci-dessous en gras), tandis que dans les zones CFA, aucune des
politiques, ni monétaire, ni budgétaires ne relève de la volonté de nos autorités. C’est le
cas du Cameroun, qui a un niveau d’endettement d’à peine 45% de son PIB, quand son
taux d’inflation moyen sur les dix dernières années n’excède pas les 5%. Quel type de
développement espérer dans ce type d’asphyxie économique ?

Niveaux d’endettement de quelques pays, en pourcentage du PIB :

USA 111%, Royaume Uni 163,4%, Suisse 184,7%,, Canada 122% du PIB, Chine 211,9%,
Japon 281,3%, Qatar 114,1%

Mali 36,4%, Bénin 30,5%, Côte d’Ivoire 36,9%, Burkina Faso 46,3%, Niger 19,2%,
Cameroun 21,4%, Congo 22,8%, Tchad 16,9%

AFRIQUE SUBSAHARIENNE 42,0%, MONDE 142,9%, AFRIQUE DU NORD 85,1%, PAYS DE
L’OCDE 135,7%

(Données Banque Mondiale 2020)
On entend souvent les apôtres du maintien de l’Afrique dans la servitude monétaire nous
demander si c’est le Franc CFA qui est responsable de l’absence des routes, de la corruption,
de l’incivisme, des détournements de fonds publics ou de la mauvaise gouvernance. On est
alors en droit de leur répondre sans hésitation par l’affirmative. Oui, le Franc CFA est bel et
bien responsable de tous les malheurs des pays africains qui en dépendent. Cette pseudo
monnaie qui ne sert que les intérêts de ceux qui nous l’imposent empêche l’industrialisation,
donc la production créatrice de valeur ajoutée, donc de richesse, ce qui signifie la
paupérisation structurelle des populations, et, fatalement, tous les fléaux conséquents à toutes
les sociétés en proie à la pauvreté. Si la parité fixe était une voie salutaire pour les économies
occidentales, elles ne l’auraient pas abandonné entre le début de la première et de la deuxième
guerre mondiale pour faire tourner la planche à billets et faire ainsi face au besoin pressant de
surcroit de masse monétaire pour répondre à l’urgence des besoins en armements, ou encore
en 1971 où les Etats-Unis d’abord, et le reste du monde ensuite, à l’exception des pays de la
zone CFA, ont purement et simplement abandonné la parité fixe au profit du système de
change flottant. Seuls les esprits soumis peuvent trouver un quelconque intérêt au franc CFA
pour les pays africains concernés, soumis à un système de parité fixe avec le Franc français
d’abord puis avec l’Euro, quand ceux qui nous l’imposent en nous présentant toutes ses vertus
en sont sortis depuis plus de 50 ans.

Le franc CFA, un crime contre l’humanité

Tous les dirigeants français, depuis De Gaulle, devraient être au moins traduits à la CPI, y
compris à titre posthume, si cette juridiction était objective et non exclusivement conçue
et orientée contre les dirigeants africains, tout comme les affidés africains de la France
qui, volontairement ou par contrainte, maintiennent leurs peuples dans cette servitude
monétaire et économique dévastatrice.

L’esclavage et la colonisation marquent les esprits, et à juste titre, par leurs atrocités du
fait de leur caractère spectaculaire et ostensible. Mais la servitude économique et
monétaire, directement inspirée du nazisme allemand que la France continue de faire
subir à l’Afrique depuis 1945 est de loin plus pernicieuse et criminelle. Le Franc CFA est
bien la source de tousles maux des pays qui en dépendent. La privation de souveraineté
monétaire dépouille de toute dignité, tout en garantissant l’aliénation culturelle des
peuples ainsi que la servitude économique et politique des Etats. Les maux tels que la
corruption, le tribalisme, la mal gouvernance et les détournements de deniers publics
prennent naissance et s’amplifient avecl’absence de politique économique autonome du
fait d’une monnaie pensée, fabriquée et gérée par l’extérieur pour des intérêts autres que
ceux des économies auxquelles elle est destinée. Tous ces maux intermédiaires sont à
l’origine de la pauvreté, de l’exil économique, des maladies, de l’absence d’hôpitaux, de
l’insalubrité, de la déscolarisation, de l’extraversion des économies, de la
désindustrialisation, des dictatures et de toutes les tares des pays victimes. En somme, la
clochardisation structurelle planifiée de populations innocentes ciblées qui cause la mort
silencieuse mais certaine de dizaines de millions de personnes ne saurait être qualifiée
autrement que de crime contre l’humanité, avec pour criminel en chef, le pays autoproclamé des droits de l’Homme.

Asphyxie économique, obstacle au développement

Le Franc CFA, depuis 75 ans aujourd’hui, n’est d’aucun intérêt pour l’Afrique. Bien au
contraire, les économies des pays de cette zone monétaire sont parmi les dernières du
continent. Pour preuve, aucun des pays du Franc CFA n’est présent dans le classement
Banque Mondiale des 10 pays les plus prospères du continent. Les banques centrales
d’Afrique Centrale et de l’Ouest, ne sont en réalité que des guichets du Trésor Public
français, c’est-à- dire du Ministère des Finances de France. C’est ce département
ministériel français qui définit la politique monétaire des 14 pays d’Afrique et de leur
centaine de millions d’habitants. En effet, les textes régissant les missions du Comité de
Politique Monétaire de la BEAC et la BCEAO, précisent que cet organe qui a pour missions
la gestion des réserves de change et la définition de la politique monétaire, dispose de 14
membres dont les directeurs nationaux dechaque pays-membre, qui ne peuvent en aucun
cas être des porte-voix de leurs pays respectifs. Les ordres pour ces deux aspects
essentiels à toute monnaie sont donc reçus directement de Paris.

Arrimé en parité fixe à l’euro qui est une monnaie forte, le Franc CFA constitue une taxe
sur les exportations, ce qui comprime la créativité économique et freine l’industrialisation,
tout en favorisant la consommation de produits étrangers par l’importation et l’accès
prioritaire aux produits des multinationales localement implantées. Résultat des courses,
nos pays ont des économies extraverties, puisqu’ils produisent ce qu’ils ne consomment
pas et consomment ce qu’ils ne produisent pas. A titre d’exemple, le Cameroun importe
environ 300milliards de francs CFA de denrées alimentaires chaque année, alors que le
pays dispose de 7,2 millions d’hectares de terres arables pour seulement 1,8 millions
d’hectares exploités. Parallèlement, du fait de l’absence d’industrialisation, les premiers
consommateurs de nos matières premières brutes sont les pays hors zone CFA, qui
s’approvisionnent à des prix imposés et dont les produits manufacturés nous sont
revendus par le canal de l’importation à des prix décuplés, et depuis 2016, sans recettes
douanières pour nos budgets, du fait des clauses de disparition progressive des barrières
tarifaires, conformément aux accords de partenariats économiques avec l’Union
Européenne. Toutes choses justifiant les déséquilibres structurels de nos balances
commerciales.

L’Afrique est ainsi prise en otage d’un point de vue économique, puisqu’elle ne dispose
librement ni de sa politique monétaire, ni de sa politique budgétaire, les deux piliers
indispensables à toute politique économique autonome. En effet, ne pouvant librement
faire recours ni à l’inflation ni à l’endettement pour booster leurs économies, nos
économies se retrouvent ainsi asphyxiées. A titre de comparaison, la politique monétaire
des pays de la zone euro étant décidée par la BCE, les taux d’inflation des pays membres
restent très bas du fait des critères de convergences de Maastricht, mais ces pays font
recours à l’alternative de l’endettement via leurs politiques budgétaires souveraines, d’où
leurs niveaux de dettes publiques particulièrement élevés, dépassant largement les
exigences du même traité qui fixe le plafond à 60%. Absence de manœuvre qui détruit
littéralement les économies des pays dela zone Franc CFA.

Victimes d’un système de prédation

Privées de leurs réserves de change, d’abord à 100%, puis à 65% et désormais à 50%, part
duproduit de notre commerce extérieur qui est abusivement retenue dans les comptes
d’opération du Trésor français, les économies de la zone CFA manquent pourtant du
minimum vital. Cette réalité freine le dynamisme économique des pays africains qui ne
peuvent pas jouirlibrement du fruit de leurs exportations, fruit des efforts des agents
économiques locaux, depuis le plus petit paysan jusqu’au plus grand agent économique.
Ceci a pour conséquence d’impacter négativement les recettes budgétaires en aggravant
les déficits à cause des effets cumulés d’importations massives au détriment de nos
produits locaux. Il s’en suit fatalementla fragilisation du potentiel industriel de nos pays
qui se voient contraints de résumer leurs économies à la vente des matières premières
brutes, sans transformation, à des tarifs imposés unilatéralement par les acheteurs,
principalement occidentaux, causant ainsi des déficits structurels de balances
commerciales et de paiements. L’obstruction de l’essor économique des pays CFA est
également le fait d’un environnement bancaire et financier hostile quand onsait que les
marchés financiers sont embryonnaires et les banques essentiellement commerciales,
donc peu encline aux financements de long terme du fait de leurs ressources
essentiellement constituées de dépôts à vue, donc exigibles à première demande,
conformément au respect du principe de correspondance des échéances. De plus, les
banques de premier ordre des Etats de la zone CFA sont à 80% des banques à capitaux
occidentaux quin’ont pas vocation à financer les économies des pays d’accueil. En effet,
plus de 75% des concours bancaires accordés dans nos économies sont des prêts à court
terme destinés essentiellement à des particuliers, soit des crédits à la consommation. Les
concours bancaires à long terme étant prioritairement réservés aux multinationales
originaires des mêmes pays que ces banques. Comment les économies des pays
dépendant de la zone CFA pourraient- elles envisager un quelconque développement
quand, conformément aux accords monétairespostcoloniaux avec la France, le volume total
des crédits à accorder dans nos pays est plafonnéselon la situation de leurs avoirs dans les
comptes d’opération, qui eux-mêmes restent faibles du fait de la contraction de notre
commerce extérieur ? Comment s’étonner du paradoxe de la cohabitation de la situation
de surliquidité bancaire structurelle actuelle depuis une vingtaine d’années et du
rationnement de crédit, dont l’explication partielle provient des exigences de la
Commission Bancaire à travers ses ratios prudentiels de liquidité et de solvabilité ? Enfin,
comment s’étonner de l’atonie des économies du Franc CFA quand la politique monétaire
de leurs banques centrales imposée par le Ministre des Finances françaisa pour principale
mission le maintien de l’inflation à des taux anormalement bas pour des économies où
absolument tout reste à faire ? Il est pourtant établi que l’inflation reste l’optionultime dans
des politiques expansionnistes indispensables aux pays qui aspirent au développement
économique, notamment lorsque ces pays disposent d’une marge importantede croissance.
Il ne peut y avoir d’industrialisation dans des économies dont les politiques font de la lutte
contre l’inflation un objectif prioritaire exclusif. C’est une aberration. Ceux qui présentent
la maîtrise de l’inflation à des taux excessivement bas comme une réussite pour les pays
de la zone CFA sont soit ignorants, soit de mauvaise foi. Le besoin de maîtrise de l’inflation
de la zone euro à des taux bas s’explique par le fait que les pays concernés sont
suffisamment industrialisés et doivent gérer la quantité de masse monétaire par des
politiques conformes au niveau de développement et donc de stocks de richesses acquis,
ce qui ne correspond guère aux problématiques africaines. Le maintien de l’inflation à des
niveaux inférieurs à 3% comme c’est le cas dans la plupart des pays de la zone CFA ne
correspond plus à la désinflation recherchée, mais à la déflation, ce qui est destructeur
pour nos économies, puisqu’elle les asphyxie par absence de dynamique de création, ce
qui entraîne le chômage de masse et l’asthénie économique.

Du Franc CFA à l’Eco, ou le prolongement de la supercherie

En matière de mépris, de mensonge et d’hypocrisie, la France est championne du monde
toutes catégories. De ces trois médailles d’or qui font sa réputation au moins millénaire,
on comprend mieux son entêtement à s’accrocher à ce qu’elle s’obstine à considérer
contre toutsigne des temps, comme son pré carré en Afrique.

C’est dans cet exercice favori d’imposture que le Sénat français, conformément à l’esprit
d’impérialisme monétaire qui sous-tend son rapport à l’Afrique depuis le décret créant le
Franc CFA en 1945, va ratifier unilatéralement le passage du Franc CFA à l’Eco en janvier
2021, sans aucune concertation préalable avec les 8 pays ouest africains de l’UEMOA
concernés par la réforme. Au-delà du mépris, c’est un vol manifeste. En effet, l’Eco
correspond à l’abréviation d’ECOWAS, sigle anglais de la traduction de CEDEAO qui
regroupe les 16 pays d’Afrique de l’Ouest, au-delà de la zone CFA donc, incluant ainsi des
pays tels que le Ghana et le géant Nigéria. Un véritable hold-up économique doublé de
malhonnêteté intellectuelle dans cette escroquerie d’Etat de la part des dirigeants français
et de leur principal allié de la Côte d’Ivoire.

On nous présente alors l’Eco comme la fin de la servitude monétaire et la preuve ultime de
lamagnanimité de la France qui aurait enfin eu une oreille attentive aux revendications de
plus en plus pressantes pour la fin de l’exploitation économique outrancière par cet
instrument d’opiniâtreté coloniale. Mais à y regarder de près, il s’agit encore d’une
arnaque. Un simple coup de vernis sur un bois pourri. Un simple aménagement
cosmétique. Un simple coup de com.

Comme innovations révolutionnaires de l’avènement de l’Eco, on nous brandit le
changementde nom, la fin de la représentation des français au sein de la Banque Centrale
des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la fin des réserves de change dansles comptes du Trésor
Public français. Pour le changement du nom, coutumière du fait, la France avait déjà eu
recours à ce tour de passe-passe cosmétique en retirant du sigle CFA la présence
gênante de la mention
« colonie ». Mais pour autant, décider de renommer un serpent par « agneau » ne rendra
pas le serpent moins sournois et mortel. Ensuite, la désormais absence annoncée des
représentants français dans les institutions monétaires est un leurre, puisqu’il n’est nul
besoin de leur présence physique pour y maintenir l’influence de la France. Les ennemis de
l’intérieur et autres nègres de maison, tels que Malcolm X désignait les infiltrés, ou les
Bounty, selon Frantz Fanon, sont toujours nombreux et disponibles pour servir les intérêts
de l’Hexagone contre leurs peuples, et trop souvent, avec un zèle bien plus destructeur.
Enfin, la fin des réserves de change dans les comptes d’opération n’implique pas qu’elles ne
seront plus retenues abusivement, mais simplement qu’elles seront désormais logées
ailleurs, des indications faisant état de la Banque des Règlements Internationaux ou de la
Banque Centrale Européenne, ce qui ne change strictement rien pour les africains. En
revanche, cette nouvelledisposition est bien à l’avantage de la France, puisqu’elle lui permet
de réaliser des économiessubstantielles, en n’ayant plus à supporter les 0,75% de charge
d’intérêts liées à l’hébergement de ces réserves.

Après ces trois farces qu’on nous vend comme salutaires, demeurent inchangées les
dispositions relatives à la parité fixe du Franc CFA à l’Euro, et à la garantie illimitée de
convertibilité. Ces deux points maintenus dans la réforme cosmétique annoncée
démontrent à suffisance que rien n’a changé. En effet, c’est le cœur de la pomme de
discorde et la sourcede tous les malheurs causés par le Franc CFA dans nos économies.
Dans l’un des paragraphessupra, nous vous avons fait part des raisons pour lesquelles la
parité fixe avec une monnaie forte comme l’Euro était fortement préjudiciable aux
économies africaines qui en dépendent. Pour ce qui est de la garantie illimitée de
convertibilité, l’idée d’un avantage pour les économies des pays africains concernés est
une absurdité absolue. La convertibilité illimitée a été pensée à l’origine pour favoriser les
activités commerciales des multinationales françaises et occidentales. En effet, la parité
fixe FCFA/Euro ou Eco/Euro permet aux multinationales françaises et européennes de
continuer d’acquérir des matières premières africaines (cobalt, manganèse, cacao, café,
bananes, bois, or, pétrole, uranium, diamant…) aufranc symbolique sans avoir à débourser
la moindre devise, tout comme elle autorise les mêmes entreprises à investir en zone CFA
sans courir le moindre risque de dépréciation monétaire, sans oublier la facilité de
rapatriement des bénéfices réalisés. Le Franc CFA n’a donc d’intérêt que pour la France,
l’Europe et leurs multinationales. En Afrique, son usage n’a d’utilité que dans l’espace
économique local, vu qu’à l’extérieur, il n’est pas reconnu en tant que monnaie et ne sert
dans aucune transaction internationale. Le Franc CFA est à peine plus utile qu’une
monnaie de Monopoly, et l’imposture de l’Eco à venir n’y changera rien.

Sortir de l’oppression monétaire

Le nazisme monétaire qu’exerce le « pays des droits de l’Homme » sur ses anciennes
colonies ne saurait être jugulé à l’initiative d’une France agonisante dont la survie
économique en dépend. La délivrance économique et la fin du mépris ostentatoire et de la
spoliation séculairedes 14 pays de la zone CFA et de l’Afrique toute entière dépendent de
leurs populations, leursdirigeants ayant fait le choix de vendre leurs âmes et de sacrifier
leurs peuples sur l’autel de leurs intérêts personnels, au profit de leurs mandants et
maîtres étrangers. L’impérialisme hégémonique arrogant de la France se manifeste
davantage par l’accaparement de tous les avantages possibles du Franc CFA, y compris
l’impression de ses billets de banque, marché juteux dont elle prive les 14 pays de la
zone depuis le départ. De plus, l’expression du paternalisme répugnant par la privation de
souveraineté monétaire se manifeste également au niveau du Fonds Monétaire
International (FMI), où c’est encore la France qui élabore le rapport annuel de la zone
CFA, en lieu et place des pays africains concernés, pourtant membres de la même
Institution. A l’image de son héros de référence historique privilégiée du siècle dernier, la
France est un géant aux pieds d’argile, mieux, un nain qui se mire en permanence dans un
miroir déformant, grossissant et trompeur. Sans ses anciennes colonies d’Afrique, la
France en déclin aussi bien socialement, culturellement qu’économiquement, avec ses
presque 120% du PIB de dette publique conséquents à son déficit budgétaire structurel,
serait reléguée au mieux au 40e rang mondial des pays qui ont voie au chapitre dans le
concert des nations. Il y va de son intérêt qu’elle se délivre de ses nostalgies colonialeset de
ses méthodes passéistes obsolètes, et trouve d’autres sources de survie économique que
le dépouillement systématique sauvage et honteux de l’Afrique, car l’éveil des
consciences de la jeunesse africaine ne se laissera plus compter. Le temps de la France
paresseuse et assise sur ses certitudes est révolu. Et ce n’est pas le tour de passe-passe
cosmétique avec l’Eco qui pourra nous distraire. La montre de l’histoire tourne
irréversiblement dans le sens de la liberté d’une Afrique qui retrouve sa dignité.

Paul ELLA

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