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LETTRE A MON AMI FONCTIONNAIRE

Tu as tout sacrifié pour obtenir ton matricule
Pour y parvenir, tu as dû parfois côtoyer le ridicule
Mais tu l’as si bien assimilé, la fin justifie tous les moyens
Pour toi, l’essentiel c’est d’arriver, peu importe le chemin
Maintenant que tu as enfin décroché le précieux sésame
Tu t’es mis à table pour savourer les délices de l’infâme
Plutôt que de servir, tu as multiplié les astuces pour te servir
Tu as souscrit aux manœuvres mafieuses pour sévir et asservir
Te voilà dans la mouvance des fléaux que jadis tu révoquais
Tu assumes désormais d’être soumis au système et à ses forfaits

Mais aucun obstacle ne semble à même d’entamer tes ambitions
Quitte à vendre ton âme, rien de doit pouvoir altérer ton ascension
Quitte à sacrifier l’intérêt général, ta priorité c’est ton confort personnel
Séduit par l’opulence et le faste de ton contexte, tu t’acharnes de plus bel
Cas unique au monde, en tant qu’agent de l’Etat, tu fais partie des plus nantis
Mieux qu’un businessman, tu engranges des bénéfices et cèdes à toutes tes envies
Ton salaire inspire la compassion, mais l’ampleur de tes investissements impressionne
Chalets, carrosses, comptes offshore et excès à volonté, de toi plus rien ne m’étonne
Arrogant et insolent, voilà comment te définissent ceux que tu oppresses par ton pouvoir
Serein et désinvolte, tel est ta posture face aux détracteurs de ton succès et de tes avoirs

« Que faire ? Demandes-tu, ainsi va le pays, à chacun de tirer son épingle du jeu ! »
Tu jouis de ces instants de gloire, et des éventuelles conséquences, tu t’en soucies peu
En cas de défaillance du système, tu dis savoir compter sur la puissance de tes réseaux
« La prison ? Advienne que pourra ! Se sacrifier pour la postérité, quoi de plus beau ! »
En attendant, il faut tout miser sur le présent, qui peut dire de quoi sera fait demain ?
Tu implores le décret de nomination, tout en redoutant celui de ta démission, ta fin
Marabouts, baves de crapaud, décoctions mystiques, incantations et prières œcuméniques,
Aucun sacrifice ni humiliation n’est de trop pour garder main basse sur les deniers publics
Superstition, compromission et malversations font de toi un esclave consentant de l’inanité
Au préjudice des valeurs humaines, tu as privilégié ta quête effrénée de la renommée

Au regard de tes œuvres, des humains ou du ciel, quelles compassions tu espères ?
Derrière des fers ou trois mètres sous terre, oseras-tu solliciter nos prières ?
A présent que choisiras-tu, l’enfer du bien-être ou le paradis des faire-valoir ?
Tu devras bien t’arrêter de simuler ou t’éterniser dans ton obsession du pouvoir
Tes attitudes ne sont pas synonymes de vitalité, tu te contentes juste d’exister
Ta misère morale et spirituelle, tu la dissimules et parades au milieu de la mêlée
Sous les feux de la rampe, c’est le strass et les paillettes, la joie et les fleurs
Dans ta détresse solitaire, dans le doute et les larmes, tu fais face à tes peurs
Les repères et valeurs que la société t’impose sont perfides et trompeurs
Choisis de sauver ta vie de la vanité ou continue de paraître et assume ton malheur.

Ton ami,
Paul ELLA

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