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LE PRÉTEXTE DES TRADITIONS POUR JUSTIFIER LA BÊTISE DE LA SUPERSTITION EN AFRIQUE

Lors d’une rencontre avec un jeune « frère » que je n’avais pas revu depuis quelques temps, et
après lui avoir demandé la raison de son absence, il m’expliqua qu’il avait été malade. Je lui
demandais alors de quoi il avait souffert lorsqu’il m’expliqua qu’il s’agissait d’une allergie de
la peau qui était en fait une maladie qu’on lui avait « lancée ». Mais il m’assura ensuite que ça
allait mieux, grâce au traitement médical qu’il suivait. Ma réaction fût alors immédiate et
sans fioriture. Je lui demandais d’un ton ferme d’arrêter ce type de raisonnement ubuesque,
car ce dont il se remettait n’avait absolument rien à voir avec un quelconque sort qu’on lui
aurait « jeté ». Mais il était tellement convaincu de la dimension mystique de ce qui lui arrivait
qu’il n’accorda pas le moindre crédit à ma tentative de le ramener à la raison.

Cette situation traduit allègrement une réalité tenace en Afrique. En effet, en Afrique, on ne
tombe pas malade sans raison mystique, on ne meurt pas de mort naturelle. La sorcellerie a
toujours quelque chose à y voir. C’est ainsi qu’on accusera sans tarder la grand-mère, l’oncle,
la belle-mère ou le mari d’avoir « mangé » un membre de la famille dans la sorcellerie.
D’ailleurs, au cours des cérémonies funéraires, bon nombre de tribus en Afrique exercent un
cérémonial pour déterminer quelle est la cause de la mort du défunt. Peu importe si le
regretté membre de la famille est décédé d’accident de voiture, de cancer ou de toute autre
raison clairement identifiée, ou si l’autopsie a déterminé une mort naturelle ou non, il faut
nécessairement trouver un coupable qui aurait « vendu » notre frère ou notre sœur. Pire
encore si un membre de la famille du défunt ou de la défunte est fortuné, le coupable idéal
est tout trouvé. Il ou elle a nécessairement « vendu » notre regretté.e frère ou sœur pour voir
ses affaires prospérer.

Bien au-delà des superstitions bénignes ou ludiques, il s’agit bien de vies humaines qui sont
mises en danger. Dans plusieurs traditions africaines, des rituels sont mis en place pour
déterminer qui est responsable de la mort du défunt, et dans plusieurs cas, la personne
désignée coupable, toujours de façon arbitraire, est mise à mort sans aucune possibilité de
recours, sous le regard passif et même complice de nos autorités administratives et
instances juridiques. C’est ainsi que des personnes innocentes trouvent la mort de façon
totalement injuste, uniquement du fait d’élucubrations d’illuminés improvisés qui ne font
qu’en réalité régler leurs comptes personnels au nom d’une supposée tradition. Les 90% des
victimes sont en général des personnes très âgées et des enfants, ce qui s’explique par le fait
que cette catégorie de la population est particulièrement vulnérable et sans défense. Le plus
impressionnant, c’est que ce niveau de bêtise superstitieuse se trouve être l’apanage des
personnes supposées instruites. Comme quoi, les diplômes n’ont effectivement jamais rendu
personne intelligent.

Il est grand temps qu’on arrête de prêter aux traditions africaines cette assimilation à la
bêtise humaine. Ne perdons pas de vue que la diabolisation de la culture africaine trouve sa
source dans les périodes d’esclavage et de colonisation. En effet, ces deux périodes qui sont
les plus sombres qu’un peuple n’ait jamais connues sur terre ont eu pour principale alibi au
pillage de l’Afrique, la désacralisation de nos valeurs culturelles. Les esclavagistes et les
colonisateurs européens avaient alors pour stratégie de faire croire aux africains que leurs
valeurs ancestrales étaient diaboliques et qu’il fallait se convertir aux dogmes religieux
occidentaux pour se rapprocher de Dieu et être sauvés de l’enfer imaginaire qui avait été
inventé pour déposséder les africains de leur spiritualité originelle, et donc de leurs richesses
culturelles, cultuelles et économiques. Or, l’Afrique, berceau de l’humanité et dépositaire de
toutes les sciences et connaissances, n’a aucune leçon à recevoir de personne, elle qui a
connu le Dieu unique avant toute autre civilisation et qui l’a enseigné à tous les autres
peuples de la terre.

La superstition qui laisse penser que la sorcellerie et tous les maléfices sont propres à
l’Afrique est donc évidemment la conséquence d’une propagande impérialiste multiséculaire
qu’il faut impérativement déconstruire et déloger de la pensée collective africaine. La
maladie, la mort ou quelque autre malheur qui puisse arriver aux africains ne sont nullement
dus à des prétendus mauvais sorts, mais au cours normal de la vie, au cours de laquelle nous
connaissons tous des hauts et des bas. Si vous sortez d’une virée nocturne très arrosée et
que vous prenez le volant de votre voiture en étant complément saoul, l’accident que vous
ferez et qui vous coûtera probablement la vie n’aura absolument rien à voir avec un
quelconque sortilège, mais trouvera son origine dans votre bêtise d’avoir pris ce risque
insensé. Tout comme votre vie de débauche sexuelle qui risque fort de vous voir affecté.e
d’une maladie vénérienne qui pourrait vous envoyer deux mètres sous terre n’aura
absolument rien à voir avec un oncle ou une rivale qui veut votre mort.

Arrêtons de nous dédouaner et assumons notre propre bêtise. Nous sommes chacun
responsables de nos vies. Si nous sommes disciplinés envers nous-mêmes et envers notre
prochain, aucun sort maléfique ne pourra jamais nous atteindre. Arrêtons de trouver des
boucs émissaires et des fallacieux prétextes pour justifier nos malheurs et nos échecs, et
assumons les orientations que nous donnons à nos vies. La seule sorcellerie dont nous
sommes victimes, c’est notre irresponsabilité individuelle. Arrêtons de nous dédouaner en
cherchant des victimes expiatoires de notre bêtise. La spiritualité africaine n’a jamais été
orientée vers le mal et la destruction, mais plutôt vers la Maat, c’est-à-dire le bien commun
et l’équilibre humain à l’image de l’ordre divin. Cette notion de prédation, d’exploitation et
d’oppression est une conception occidentalo-occidentale dont la plus perfide expression se
perçoit aisément à travers le capitalisme à outrance qui ne fait nullement cas des valeurs
humaines. Arrêtons de nous définir de façon assumée à travers le prisme déformant que
d’autres ont pensé pour nous et surtout contre nous.
Paul ELLA.

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