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LE PRÉTEXTE DE LA DÉMOCRATIE

La démocratie n’est pas ce qu’on veut qu’on croit qu’elle est. La démocratie ne se vit pas
dans les textes de lois mais sur le terrain. Il n’y a pas d’instance « thermomètre » qui décide en
entité céleste de ce qui relève de la démocratie et de ce qui n’en relève pas. La démocratie
n’est pas une forme de dogme ou de fétichisme ayant à sa tête un gourou occidental auquel
seule l’obéissance aveugle et stupide garantit la reconnaissance de la secte des
« démocrates ».
La démocratie est un concept plus que jamais galvaudé, un instrument de manipulation
entre les mains des dominants, un prétexte pour abuser les populations, un simple simulacre
pour faire diversion. La démocratie représentative est une arnaque intellectuelle à laquelle
seuls les esprits formatés accordent un blanc-seing. Certaines intelligences constipées n’ont
toujours pas compris que la légalité n’est rien sans la légitimité, et que cette dernière a le
devoir de prendre le pas sur la première, si les droits des populations sont bafoués. Il ne
faudrait pourtant pas être un initié pour comprendre cette trivialité. Mais à entendre les
raisonnements de certains illuminés, on se souvient très vite qu’il n’existe aucune corrélation
entre intelligence et connaissance livresque.
A la faveur de la situation au Niger, les meilleurs élèves de la démocratie tropicalisée font un
procès sans réserve aux putschistes, s’offusquant de ce qu’il y aurait une incompatibilité
indubitable avec la démocratie. Et les auteurs de ce raisonnement de toutes les lumières
renchérissent alors en nous faisant part de ce que les militaires n’auraient pas vocation à
gouverner. Rappelez-vous, je vous ai dit que la démocratie n’était pas du fétichisme. La
démocratie, c’est la manifestation de la volonté du peuple, ce qui signifie que le peuple qui
est seul à conférer la légitimité, peut décider de mettre fin à une légalité qui ne corresponde
plus à ses aspirations, et ainsi, transmettre cette légitimité à quiconque est susceptible de
mieux défendre ses intérêts, quitte à ce qu’il s’agisse de militaires. L’idée de démocratie ne
doit pas être une congélateur de neurones qui empêche toute manifestation de
l’intelligence, c’est à dire, la faculté d’adaptation. Car oui, tel que le rappelait Martin Luther
King, nous avons le devoir de désobéir aux lois injustes, au nom de la démocratie, justement.
A titre de rappel, le Code Noir de Louis IVX en 1685, faisait des noirs des biens meubles,
encore moins que des sous-hommes. Fallait-il obéir à cette loi criminelle au nom de la
légalité institutionnelle ? Ce n’est pas parce qu’une loi est votée qu’elle sert les intérêts du
peuple. Les manigances politiques et manipulations juridiques pour préserver les intérêts
mafieux de quelques oligarques sont une pratique courante que le prétexte de démocratie
réussit mal à dissimuler. Les putschs militaires peuvent bel et bien être démocratiques tout
comme les transitions constitutionnellement « pacifiques » peuvent cacher de véritables
dictatures. Les coups d’État constitutionnels qui sévissent en Afrique ne sont pas plus
démocratiques et moins sanglants que les coups d’État militaires. Pour preuve, les
successions à la tête du Sénégal depuis les « indépendances » ont donné l’illusion d’un pays
modèle de la démocratie, alors qu’il ne s’agissait que d’un jeu de chaises entre petits
copains, savamment orchestré depuis les salons feutrés de l’Elysée pour préserver
« pacifiquement » les intérêts de Paris. Aussitôt qu’un candidat hors-système s’est manifesté
en la personne d’Ousmane Sonko, le vernis de la belle démocratie sénégalaise a volé en
éclats et cédé la place à la farouche dictature de celui qui a la nostalgie des discriminations
positives de l’armée coloniale française qui, nous a-t-il appris, offrait de meilleurs goûters
aux tirailleurs sénégalais.
Le fétichisme de la démocratie tropicalisée fait encore que les coups d’État au Mali, au
Burkina Faso et au Niger qui n’ont pas fait un seul mort et qui ont tous été incités et
plébiscités par le peuple, sont condamnés « fermement » par les dépositaires de la notion de
démocratie à géométrie variable, tandis que les braquages constitutionnels au Tchad et en
Côte d’Ivoire qui ont fait des morts, ont reçu toutes les bénédictions des lumières divines
occidentales, allant même jusqu’à susciter le fils Déby comme médiateur au Niger, et le
Président ivoirien comme défenseur central de la solution militaire. Quelle ironie ! Tout
comme le très démocratiquement élu, Mohamed Bazoum que les chantres de la démocratie
et de l’ordre constitutionnel veulent ramener au pouvoir par la guerre, a fait appel à la
France et aux Etats-Unis pour le rétablir, en leur rappelant leurs intérêts au Niger. On est
partagé entre rires et pleurs, puisque manifestement, il confirme qu’il n’en a rien à faire de
« son » peuple, et que seuls ses « deals » avec ses mentors occidentaux comptent. Voilà le type
de dirigeants qu’on veut imposer à l’Afrique, au nom de la démocratie. Voilà la notion de
démocratie qu’on voudrait que l’on valide.
Encore une fois, la démocratie n’est pas du fétichisme. On nous parle de transitions
démocratiques, d’élections, de retour à l’ordre constitutionnel et toutes ces formules toutes
faites qu’il faudrait appliquer sans tenir compte des spécificités des différents contextes.
L’histoire et l’actualité nous rappellent à suffisance qu’il y a des dirigeants militaires, arrivés
par coups d’État, et qui ont été salutaires pour leurs peuples. C’est le cas de Cuba avec Fidel
Castro, de la Libye avec Mouammar Kadhafi, du Ghana avec Jerry Rawlings, du Burkina Faso
avec Thomas Sankara, du Mali avec Assimi Goïta, du Burkina Faso avec Ibrahim Traoré etc. Il
faut donc sortir des raisonnements bornés qui font de la démocratie un principe momifié.
L’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour savoir et appliquer la démocratie. Les royaumes et
chefferies en Afrique, à toutes les strates de dévolutions du pouvoir, ont toujours donné la
primeur aux peuples dans les prises de décisions. L’aberration à laquelle il faut
impérativement mettre fin, c’est celle qui consiste à faire du copier-coller de modèles
imposés à d’autres fins que l’intérêt des peuples africains.

Paul ELLA

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