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La place des PMEs dans le développement en Afrique subsaharienne : cas du Cameroun

Catégorisées selon des critères d’effectif de personnels, de volume de chiffres d’affaires ou de
total bilan, les petites et moyennes entreprises (PMEs), quelles que soient leurs secteurs
d’activités et leurs tailles, représentent partout en Afrique subsaharienne, un enjeu majeur,
non seulement d’un point de vue économique, mais également social, culturel et politique.

Une réalité souvent ignorée ou mal abordée par nos pays dont les modèles économiques,
lorsqu’ils existent, ne prennent que très rarement en compte. Conséquences, on fait face à
des croissances qui stagnent lorsqu’elles ne sont pas négatives, et on recherche les causes et
les solutions partout sauf où elles se trouvent. Analyse.

L’éloquence des chiffres

Quelques soient leurs définitions d’un pays à l’autre, les PMEs représentent en moyenne 80%
du tissu des économies d’Afrique subsaharienne. Au Cameroun, c’est 98,5% des 209.482
entreprises de tout le pays, sans prise en compte des activités informelles, d’après le
recensement général des entreprises (RGE) par l’Institut National de la Statistique (INS) en
2016. Sur la même période d’étude, les PMEs camerounaises représentent le premier
pourvoyeur d’emplois devant l’Etat et les grandes entreprises, avec environ 460.000 emplois
fournis, soit 73% des emplois créés sur toute l’étendue du territoire, pour une part de 34,4%
des 13 347 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires en 2015, et une contribution au Produit
Intérieur Brut (PIB) dans des proportions similaires. Seulement, ce dynamise mal optimisé
indique des signes de fébrilité quand on sait que 75% de PMEs disparaissent 3 ans seulement
après leur création, souvent pour les mêmes raisons que celles qui résistent tant bien que mal
à la pression fiscale, à l’absence de financements et au manque de débouchés, comme
principaux obstacles aux performances des petites entreprises.

L’importance des enjeux

Banaliser le rôle des PME en ne leurs accordant pas en urgence l’attention qu’elles méritent,
c’est exposer le pays aux pires risques de faillite économique, de crise sociale et d’instabilités
politiques. Si cela vous paraît exagéré, c’est à tort. Tenez, 98,5% des entreprises au Cameroun
que représentent les PMEs, c’est par prolongement d’analyse, les mêmes proportions de
familles camerounaises qui en dépendent, et partant, près de 99% de la population concernée,
secteur informel inclus. Cela représente déjà un facteur déterminant dans la prise en compte
des pôles sensibles d’une société. Aussi, les 65% de contribution au PIB camerounais par les
1,5% des grandes entreprises sont essentiellement le fait des multinationales, et donc de
revenus non prioritairement destinés au développement local. Il faudrait alors prendre avec
circonspection le satisfécit des statistiques de création de richesses, lorsque celles-ci ne
profitent pas de façon durable au pays qui héberge les activités qui les génèrent. En somme,
les entreprises en activité au Cameroun sont essentiellement des PMEs dont les promoteurs
sont à 95,6% des camerounais. Elles génèrent l’écrasante majorité des emplois et nourrissent
l’essentiel des familles camerounaises. La PME camerounaise, au-delà de l’enjeu économique,
est un facteur d’équilibre social, et par voie de conséquence, de stabilité politique. Pourquoi
ne pas leurs accorder à juste titre toutes les attentions qui s’imposent ? Pourquoi s’entêter à
faire la part belle à une poignée d’entreprises qui génèrent un maximum de bénéfices qui ne
profitent pas au développement durable du pays en dehors de quelques illusions éphémères
de santé économique ? Si le PIB indique la richesse créée sur un territoire à une période
donnée, sa répartition par habitant, uniquement indicative, ne suggère en rien le bénéfice
qu’en tire réellement les populations, du fait justement de la destination volatile des revenus
générés. Le revenu national et l’indice de développement humain par contre, rendent plus
fidèlement compte de la finalité de toute politique, à savoir le bien-être des populations qui
se mesure au pouvoir d’achat dans le panier de la ménagère, à l’accès aux soins de santé, à
l’eau potable et à l’éducation.

La nécessité d’agir en urgence

Assurer la performance des PMEs est donc un enjeu crucial pour nos gouvernants, un gage de
prospérité pour nos économies. Toutes les politiques doivent converger vers cet ultime
challenge, celui de rendre nos PMEs plus compétitives. En le faisant, tous les secteurs
d’activités et les sphères sociales en seront positivement impactés. En effet, les PMEs
investissent tous les secteurs économiques (primaire, secondaire et tertiaire) et par voie de
conséquences, et contrairement aux grandes entreprises, tous les secteurs d’activités : santé,
finance, éducation, tourisme, restauration, hôtellerie, technologies de l’information et de la
communication, agroalimentaire etc. Pour y parvenir, les PMEs camerounaises ont besoin
d’exister. Pour exister, elles ont besoin d’activités au travers de commandes. Pour répondre
aux commandes, elles ont besoin de productivité. Pour produire en quantité suffisante et
satisfaire la demande y compris en qualité, elles ont besoin de financements, lesquels
financements exigent des états financiers probants, qui eux-mêmes doivent émaner d’un
mode de gestion optimal. Voilà la chaîne vertueuse que nos Etats en Afrique doivent
promouvoir pour garantir aux pays africains des économies fortes dans un climat social apaisé.
Des solutions existent, encore faudrait-il les optimiser et s’en servir.

Au Cameroun comme d’autres pays, des structures d’encadrement des PMEs visant à
optimiser leurs performances à travers l’assistance managériale, comptable et fiscale existent
par décrets gouvernementaux, mais peinent à jouer pleinement leur rôle, tant elles manquent
de moyens d’actions. La première mesure concrète en faveur des PMEs serait donc d’octroyer
plus de pouvoir d’action aux Centres de Gestion Agréés (CGA) pour leur apporter
l’accompagnement dont elles ont besoin. Ensuite, il s’avère nécessaire d’élargir le champ des
bénéficiaires des services des CGA par l’augmentation du plafond de chiffre d’affaires des
entreprises éligibles qui n’est à ce jour que de 100 millions de francs CFA, ce qui exclut d’office
une bonne frange des PMEs dans le besoin. Une fédération des CGA en cours de création sera
la bienvenue pour parler d’une seule voix au nom de ces urgentistes des PMEs. Pour ce qui est
des financements, l’Etat doit impérativement mettre en place des contraintes garantissant
d’une part la qualité dans la gestion des PMEs, et d’autre part l’accès aux marchés par cellesci. Ces deux aspects constituent les critères essentiels d’octroi de crédits aux entreprises dans
toute économie : l’assurance de l’existence d’un marché et l’exigence d’une bonne utilisation
des fonds prêtés. A ces deux niveaux, l’Etat dispose de solutions efficaces. Principal maître des
tenants et aboutissants de l’économie d’un pays, il est à même d’orienter l’attribution des
marchés en imposant un pourcentage à réserver aux PMEs, qu’il s’agisse des marchés des
entreprises publiques ou multinationales. C’est une disposition protectionniste salutaire pour
les PMEs locales qu’appliquent déjà les Etats-Unis depuis 1973 avec le « Small Business Act ».
Comment s’étonner de la solidité d’une telle économie, l’une des (sinon la) plus puissantes au
monde. C’est dire si les PMEs constituent bien la pierre angulaire de toute économie prospère.
Pourquoi ne pas s’en inspirer ? De même, pour ce qui est de la qualité de la gestion, l’exigence
d’une preuve de suivi de toute PME par un CGA lors des soumissions aux marchés publics ou
aux de demandes de crédits auprès des banques assurera une adhésion accrue aux services
d’assistances, et réduira considérablement les risques de contrepartie et de défaillances.
Toutes ces mesures auront alors pour effet d’élargir l’assiette fiscale par la réduction des
activités informelles, et donc d’augmenter les recettes budgétaires, de garantir le
remboursement des crédits aux prêteurs du fait d’une meilleure utilisation des fonds, de créer
des dizaines de milliers d’emplois grâce à la dynamisation de l’économie par la création et à
la pérennisation accrues des entreprises viables, et, in fine, d’atteindre les objectifs
d’émergence économique.

En perspectives…

Les grandes entreprises aujourd’hui au Cameroun sont essentiellement des multinationales
étrangères, ce qui n’est pas de bon augure pour une économie en construction. Il est urgent
de renverser cette tendance. Les multinationales étrangères n’ont pas vocation à développer
le pays d’accueil. Elles n’y sont que par intérêt, et contribuent uniquement à enrichir les
économies de leurs pays d’origine. Plusieurs des multinationales qui contribuent largement à
notre PIB sont des banques. 10 des 15 banques de premier ordre en activité au Cameroun
sont des banques étrangères. On n’a plus le droit de chercher à comprendre pourquoi malgré
la situation de surliquidité bancaire qui prévaut depuis plus d’une décennie, les entreprises,
précisément les PMEs camerounaises, font l’objet d’un rationnement de crédit préjudiciable
à notre économie. Conséquences, les PMEs se tournent vers l’informel qui pratique des taux
usuriers qui finissent par les asphyxier jusqu’au dépôt de bilan, faute de pouvoir rembourser.
Il s’impose alors l’émergence de grandes banques locales par mutations d’établissements de
micro-finances comme on a pu l’observer avec la CCEI devenue Afriland First Bank, aujourd’hui
l’une des premières banques d’Afrique Centrale, ou plus récemment la CCA devenue CCA
Bank. La PME est l’avenir de la grande entreprise, la colonne vertébrale de toute économie,
et toute politique responsable se doit de la placer au centre de toutes les projections.

Paul ELLA

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