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Diasporas africaines : influence réelle ou illusoire ?

Le développement des pays africains nécessite l’apport de toutes les forces vives du
continent, où qu’elles se trouvent, partout dans le monde. Les diasporas africaines se
retrouvent alors au cœur du débat de leurs contributions effectives à la construction de
l’histoire de leurs pays d’origine, dans leurs aspects économiques et politiques notamment.

Aux origines du mot

Historiquement, le mot Diaspora renvoie à la dispersion du peuple juif à partir de sa captivité
à Babylone, d’où la composition étymologique de sa source grecque qui indique la dispersion
des graines. Depuis, cette notion a été adaptée et adoptée pour tous peuples originaires
d’un même pays ou d’une même région, et se retrouvant hors de leurs terres pour diverses
raisons. Pour l’Union Africaine « la diaspora africaine se compose de populations d’origine
africaine vivant hors du continent, indépendamment de leur citoyenneté et de leur
nationalité, et qui sont disposées à contribuer au développement du continent et à la
construction de l’union africaine ». Dans un souci de circonscription, notre considération de
la diaspora africaine sera entendue prioritairement comme peuples issus d’Afrique et
émigrés hors du continent au plus depuis les « indépendances ». De plus, l’intérêt de notre
préoccupation concerne davantage l’Afrique subsaharienne.

Quelle diaspora pour quelles actions en Afrique ?

La notion de diaspora s’applique donc à tous les ressortissants d’un pays ou d’une région
établis à l’étranger sur une période continue plus ou moins longue, excédant en général les
12 mois. Ils sont ingénieurs, avocats, élus locaux, fonctionnaires, financiers, économistes,
médecins, enseignants, chauffeurs, vigiles, employés de maison, étudiants, chômeurs etc. Ils
appartiennent à toutes les couches de la société et ont gardé une attache plus ou moins
forte avec leurs pays origines. Souvent perçus comme des pourvoyeurs providentiels par
leurs familles restées au pays, leurs rapports avec l’Afrique se résument souventà la
résolution de problèmes de scolarité, de santé, de réalisation de projets ou de contribution à
des évènements heureux ou malheureux. Il en résulte alors des flux financiers importants.
Selon la Banque Mondiale environ 40 milliardsd’euros sont transférés chaque année en
Afrique subsaharienne par les quelques 36 millions d’expatriés africains, étrangers ou
nationalisés. La France, première destination en Europe des africains francophones,
regroupe à elle seule près de 4 millions d’africains d’origine, soit la moitié de cette
population totale en Europe, pour environ 10 milliards d’euros de transferts d’argent de
l’hexagone vers l’Afrique. Des chiffres qui donnent le tournis, mais qui demandent à
considérer leur impact réel sur le développement de l’Afrique quand on sait que ces volumes
annuels de transferts équivalent à quelques détails près à l’addition de l’aide publique au
développement et des investissements directs étrangers sur une même année. Ces
transferts de fonds vont jusqu’à flirter avec les 10% de PIB pour certains pays africains, c’est
dire le potentiel d’influence sur les économies de destination et sur le bien-être en
Afrique.Mais qu’en-est-il vraiment ?

La portée des actions diasporiques

Si les chiffres évoqués des transferts d’argent vers l’Afrique restent impressionnants de par
leurs volumes, la question de leur impact reste tout aussi légitime. Notons déjà que les
envois d’argent en provenance de l’étranger par les ressortissants d’Afrique sont
essentiellement destinés à la consommation. Bien qu’ils permettent une amélioration des
conditions de vie des populations locales par le soutien financier à destination des familles,
ces contributions n’ont qu’un caractère ponctuel, et ne permettent pas d’assurer aux
bénéficiaires l’accès à un niveau supérieur stable de pouvoir d’achat, gage de dynamisme et
de prospérité pour toute économie. Conséquence, pas d’effet économique structurel
palpable à moyen et long terme, à quelques exceptions de pays tels que le Ghana, qui
organise le financement des infrastructures, de l’agriculture et du tourisme via son Ministère
des Finances et sa Banque Centrale, grâce aux fonds transférés par sa diaspora.En dehors
des quelques exceptions, lesenvois d’argent en Afrique s’assimilent donc à tort à des
ressources contribuant à un essor économique quelconque de nos pays. Pour cause, ces
volumes d’argent, aussi importants soient-ils, sont diffus et consommés de façon
déstructurée, sans canalisation précise dans le cadre de circuits de développements de
projets à valeur ajoutée.

Un impact à relativiser

A l’observation,si l’utilité pour les destinataires privés des transferts de fonds en Afrique
n’est plus à démontrer, celle suggérée à l’échelle de l’économie d’un pays est plutôt
négligeable. En réalité, il est plus indiqué d’apprécier chaque apport par une méthode
comparée pour en ressortir avec des valeurs relativesplus significatives. Du pays de
destination, de celui d’origine et des canaux de transmission, qui sont les véritables gagnants
de ces transactions financières? Sur les dizaines de milliards d’euros représentant l’épargne
de la diaspora africaine à l’étranger, à peine 15% sont transférés en Afrique, le reste étant
consommé et investi principalement dans les pays d’accueil. Pour les études académiques
seules, ce sontdes centaines de millions d’eurosde dépenses chaque année pour les
quelques millions d’étudiants africains disséminés dans les écoles et universités à travers le
monde qui sont dépensés chaque année. Des bénéfices encoreplus importants si on
considère que la force de travail accordée à ces pays d’accueil au détriment des pays
d’origine n’est quasiment jamais rémunérée à juste valeur. Qui saurait l’estimer ? Quid des
entreprises de transferts ? 500 milliards de dollars, c’est la valeur du marché des transferts
estimée par la Banque Mondiale, activité dominée par les deux géants du secteur, les
multinationales américaines MoneyGram et Western Union. Partis de 12% il y a quelques
années, les frais désormais compris entre 7% et 9% constituent une manne extraordinaire.
En clair, si l’envoi d’argent depuis l’étranger vers l’Afrique fait des heureux à un niveau privé,
d’un point de vue macro-économique, ce sont bien les pays d’accueil qui en tirent le plus
grand profit.

Ce qu’il faudrait envisager

Si l’intérêt d’une diaspora pour son pays réside dans sa capacité à influencer les orientations
de celui-ci, sa crédibilité et donc son impact dépend d’un certain nombre de facteurs. La
puissance économique et financière, sans laquelle aucune action ne peut être significative à
l’échelle d’un peuple, en est le premier, de par sa portée. Les juifs à l’étranger qui ont une
culture historique de la dispersion, constituent de fait la diaspora la plus influente au monde,
d’abord du faitde sa forte identification à sa culture, par appropriation et transmission
permanente et systématique de son histoire, mais également et en très bonne place, par sa
puissance financière. Ce qui lui vaut aujourd’hui le pouvoir d’infléchir les décisions du monde
en sa faveur, grâce notamment aux lobbies qui constituent les organes de concertation et de
cristallisation de ce pouvoir d’influence devenu planétaire par la force de la solidarité, et que
même les adversités extérieures ne font que renforcer. Les africains, au-delà des envois
ponctuels destinés à la résolution des problèmes familiaux, devraient, dans un souci de
contribution efficace en tant que vecteur de développement du continent, structurer et
concerter leurs actions dans le sens de l’investissement. L’organisation en fonds
d’investissement pour l’Afrique, la prise de participations dans le capital des PME locales
pour stimuler l’économie à la base, la création d’usines de transformation pour booster le
secteur industriel et sortir des économies de rentes, le financement d’infrastructures de
santé, d’éducation, de tourisme, la contribution aux transferts de technologies etc. Il est
évident que pour encourager et valoriser ces initiatives, les gouvernements locaux ont leur
partition à jouer, mais il ne faut pas attendre.

Les origines d’abord

Sans une solide organisation, un attachement indéboulonnable à sa terre d’origine, une
vision pour son peuple et un ralliement autour des valeurs locales, historiques et culturelles
notamment, aucune action éparse d’aucune diaspora n’aura jamais d’impact significatifpour
les pays d’origine. L’image à l’extérieur des ressortissants d’un pays est essentielle à la force
d’influence d’une diaspora. Aucune diaspora prêchant elle-même le dénigrement de son
pays d’origine ne peut prospérer, ni dans son pays d’adoption ni ailleurs. Tandis que les
diasporas les plus influentes sont la conséquence de départs forcés de leurs terres d’origine
pour causes de guerres ou de persécutions, celles composées essentiellement de départs
volontaires comme celles d’Afrique sont d’office fragilisées, sans socle fédérateur, et
souvent désintéressées des affaires des pays qu’elles ont choisi de quitter. Comment une
diaspora peut-elle constituer une force d’influence lorsque l’essentiel de ses membres sont
partis pour des raisons de survie et d’illusion d’un eldorado loin de chez elle ? Ce type de
diaspora, essentiellement constituée de personnes complexées par l’étranger,n’a aucune
chancede se constituer en lobbies d’influences. A la limite, elle ne réussira à s’organiser
qu’en groupuscules politiques ou ethniques représentant plus une menace que des
opportunités pour leurs pays, tant l’aigreur et la frustration les animent. Les voix des
diasporas qui portent sont celles qui se font avocates en tout temps et en toute circonstance
de leurs pays d’origine. Des attitudes déplorables de certaines diasporas contribuent
fortement à les décrédibiliser, aussi bien aux yeux du monde qu’à ceux de leurs frères
d’Afrique. Les envois ponctuels de milliards d’euros chaque année en Afrique c’est bien, mais
une meilleure organisation et une plus grande implication au sort de son pays et de l’Afrique
c’est encore mieux. Les seuls slogans patriotiques, attitudes folkloriques, expressions
vestimentaires et nostalgies affectives ne suffisent plus à témoigner de son amour pour
l’Afrique.Sous réserve d’un retour définitif au bercail comme l’idéal suprême le suggère,
souvenons-nousqu’un peuple n’est fort que parce que ceux qui le composentaux quatre
coins du monde sont unis et solidaires contre toute adversité. La terre de nos ancêtres est
notre plus grand héritage. Sur ces considérations et à ce prix seulement, les diasporas
africaines pourront se transformer en influenceurs majeurs de la destinéedu continent.
Toute action contraire sera engloutie par l’oubli, à jamais absente des annales de l’histoire
qui s’écrit maintenant.

Paul ELLA

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