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Quelle diaspora pour l’Afrique du 21e siècle ?

De façon incontestable, l’Afrique bouge. Après les époques glorieuses des découvertes scientifiques, de prospérité et d’organisations sociales abouties et jamais égalées, brutalement interrompues par la barbarie impérialiste occidentale dès le 15e siècle, la violence, la falsification historique, le plagiat et le pillage à outrance ont plongé le continent dans sept siècles d’obscurité, marqués par l’oubli, la misère intellectuelle et l’errance culturelle et spirituelle. Mais par la puissance restauratrice de la nature et la résilience des peuples africains, l’amnésie collective programmée et entretenue chez les victimes combinées aux amnésies sélectives des bourreaux, cèdent progressivement mais sûrement la place à un éveil des consciences de part et d’autre. L’Afrique renaît de ses cendres, et retrouve peu à peu sa place de pilier de l’humanité. Dans ce processus irréversible de renaissance, les enfants d’Afrique installés hors du continent depuis récemment ou depuis des générations, de façon volontaire ou forcée, doivent prendre conscience de l’impérieuse nécessité de jouer le rôle qui est le leur, au risque de passer à côté de l’histoire qui s’écrit sous leurs yeux.

Diaspora utile, diaspora inutile

Au-delà de sa présence hors du sol africain, notre diaspora devrait se définir et se faire remarquer par son rôle actif et assumé dans la destinée du continent. Bon nombre d’africains installés hors du continent y sont arrivés par aventure, souvent par fascination du mythe d’un occident qui leur aura été vendu comme la solution à toutes leurs misères. Mais la désillusion est toujours brutale. Initialement partis pour vivre enfin le bonheur tant espéré, dans un monde connu à travers la télévision et le cinéma, les aventuriers africains obsédés par l’expérience occidentale se retrouvent face à une réalité toute autre. Quand ils n’ont pas eu la chance d’avoir des parents fortunés pour les faire voyager dans des conditions convenables, ils se retrouvent en terre promise après avoir passé des années à saigner leurs familles financièrement pour rejoindre des embarcations de fortune, après s’être fait arnaquer à plusieurs reprises, et après avoir vendu tous leurs biens et abandonné leurs emplois. Ceux qui ne sont pas morts dans l’aventure de la méditerranée se retrouvent en occident, errants comme de mauvais esprits, dans une misère indicible. Et leur rêve occidental se révèle très vite être leur pire cauchemar. Par instinct de survie, nos frères et sœurs se soumettent alors à toutes sortes de compromissions dégradantes, pour garder la tête hors de l’eau. La triste réalité, c’est que l’écrasante majorité des africains en occident se retrouve ainsi dans une précarité désolante, ceux qui y mènent une vie décente constituant l’exception. Pourtant, ces africains en sursis permanent s’entêtent à rester en occident pendant toutes ces années, le retour en Afrique étant perçu comme un aveu d’échec. Et
pour entretenir le mythe d’une prétendue réussite en occident, nos diasporiens se serrent la ceinture et cravachent dur quand ils programment des voyages en Afrique, question d’avoir suffisamment d’économies pour en mettre plein la vue à leurs compatriotes restés au pays. Entre virées nocturnes où champagne et whisky coulent à flots et locations d’appartements meublés haut-standings assortis de véhicules de luxe empruntés pour la circonstance, tout le grand jeu d’illusion est déployé le temps de leur court séjour, avant de retourner dans l’impitoyable misère qui les attend en occident. Triste modèle d’existence. Cette diaspora égarée se contente d’exister, de paraître, de critiquer, de pavoiser et de dire ce qu’il faudrait faire, sans jamais s’impliquer ni prendre la moindre initiative. Elle plébiscite tous les vices de l’occident qu’elle sublime, et est toujours la première à vilipender l’Afrique et les africains. Cette diaspora là n’est d’aucune utilité pour l’Afrique, elle en fait le déshonneur. Reniant ses origines, souvent de façon revendiquée et ostentatoire, elle est pourtant rejetée par l’occident institutionnellement raciste, ce qui fait d’elle une espèce errante, sans repères et sans avenir dans aucun compartiment de la terre. Elle finit souvent seule, abandonnée à sa bêtise et à ses regrets, mais il est toujours trop tard.

Mais il existe une autre diaspora consciente, la moins nombreuse certes, qui se mobilise et s’organise pour la terre-mère. De façon visible ou discrète, cette diaspora n’a jamais arrêté de croire en l’Afrique et travaille sans relâche à son rayonnement. Elle ne se contente pas de scander son amour pour l’Afrique et ne se limite pas aux apparences folkloriques. Elle soutient les causes panafricaines et s’intéresse de près à l’actualité, mène des réflexions constructives et s’implique dans les actions qui vont dans le sens de restaurer l’Afrique dans sa dignité. Elle n’a pas vocation à s’éterniser en dehors du continent. Elle est organisée et a une vision bien précise de sa présence en terre étrangère qui ne constitue qu’une étape et non une finalité. Quel que soit le nombre d’années passées hors du continent, elle envisage son retour pour porter main forte aux initiatives de reconstruction de l’Afrique. Quelle que soit sa localisation géographique, elle porte l’Afrique dans son cœur et dénonce avec fermeté tous les complots impérialistes contre son autodétermination. Elle sait que le monde change, et que l’horloge de l’histoire tourne en faveur de la Renaissance Africaine.

Aujourd’hui plus qu’hier, l’occident s’écroule et sa fin programmée est plus que jamais actée. Face à une reconfiguration géopolitique des cartes du monde, son mythe s’évapore inexorablement, retournant vers sa triste réalité originelle, longtemps occultée par des illusions de prospérité, celle d’une structurelle misère économique, morale, culturelle et spirituelle, d’avant les opportunes expéditions esclavagistes et coloniales, démarrées au 15e siècle. L’avenir de l’occident est manifestement des plus sombres. Aux africains avertis de lire les signes des temps et de réajuster stratégiquement leurs projets personnels et communautaires, avant que ne survienne le temps des pleurs et des grincements de dents.

Le fantasme de l’impact des transferts d’argent de la diaspora

600 milliards de dollars de transferts d’argent vers l’Afrique en provenance de sa diaspora entre 2010 et 2020, soit 400 milliards de dollars vers l’Afrique subsaharienne sur cette période, à raison de 45 milliards de dollars de transferts annuels. Ces chiffres astronomiques ont laissé certains observateurs considérer que les envois de la diaspora africaine constituaient une chance pour l’Afrique et son développement. Certaines puissances occidentales sont même allées jusqu’à s’imaginer un moyen de chantage économique aux africains indociles en envisageant la menace de fermer le robinet des transferts d’argent de la diaspora. Mais tout ceci ne relève que du fantasme, une énième escroquerie intellectuelle dans laquelle les africains aux intelligences fébriles s’engouffrent naïvement.

Les envois d’argent de la diaspora en Afrique, en dépit de leurs volumes impressionnants à première vue, sont d’un impact plus que négligeable sur les économies africaines, et penser qu’ils constituent un catalyseur de développement est tout aussi hasardeux. Au-delà des émotions et autres intentions inavouées, il faut se souvenir que les envois d’argent en Afrique en provenance de sa diaspora sont presqu’exclusivement à destination de la consommation, c’est-à-dire orientés vers des biens visant à satisfaire des besoins ponctuels : soins médicaux, frais de scolarité, vivres, mariages, décès etc. Ce sont donc des envois d’argent diffus qui n’ont pas une orientation à l’investissement, principal source de développement. L’augmentation éphémère du pouvoir d’achat des bénéficiaires des transferts de la diaspora entraîne une augmentation de la consommation qui enrichit prioritairement les multinationales occidentales présentes en Afrique, car celles-ci dominent les marchés africains dans tous les secteurs d’activité, l’Afrique étant encore dépendante des importations au détriment des produits locaux, les industries locales étant quasiment inexistantes, ce qui explique nos économies extraverties. En somme, non seulement les volumes d’argent envoyés de l’étranger ne servent pas le développement des pays destinataires, mais ils retournent aux économies des pays d’où l’argent est initialement envoyé, par rapatriement des bénéfices. De plus, la diaspora africaine est plus utile aux économies des pays dans lesquels elle se trouve qu’aux pays africains. En effet, le rapport entre ce que les pays africains reçoivent de leurs diasporas et ce que ces diasporas investissent dans leurs pays de résidence est sans appel. La Banque Mondiale fait état de ce que l’épargne annuelle de la diaspora africaine qui s’élève à environ 55 milliards de dollars est largement supérieure aux envois de fonds annuels vers le continent, et est principalement investie hors d’Afrique. Là encore, en plus de s’offrir une main d’œuvre africaine bon marché, les pays d’accueil de notre diaspora bénéficient prioritairement de l’épargne de nos frères et sœurs. Sans parler des immigrés africains sans papiers qui travaillent au noir et qui sont hypocritement dénoncés comme un fléau par les politiques et médias occidentaux, mais sans lesquels, les économies occidentales et particulièrement française s’effondreraient. Dans cette démarche de démystification, il est incontournable de noter que les autres grands gagnants de ces transferts de fonds que la propagande occidentale présente comme salutaire pour les africains, ce sont les entreprises de transferts d’argent. Elles sont toutes occidentales, plus précisément américaines, et font des milliards de dollars de bénéfices annuels, les trois plus grosses, et par ordre, étant Western Union, MoneyGram et Ria. Et pour cause, l’Afrique comme toujours, se fait saigner plus que les autres régions du monde, avec des coûts de transferts injustement supérieurs à la moyenne mondiale, soit 8% contre 6%. Au-delà des éléments évoqués, l’impact qu’on prête aux envois d’argent de la diaspora africaine peuvent encore être relativisés lorsqu’on considère le
beurre facile que se font les ambassades occidentales avec des frais de visas qui leurs garantissent de confortables matelas financiers de plusieurs centaines de millions d’euros chaque année pour plus de 60% de visas refusés aux africains, mais aussi les cautions bancaires pour voyages, les frais de scolarité des africains qui renflouent les caisses des structures académiques des pays d’accueil, ou encore la participation quotidienne active de la diaspora qui contribue de façon significative à la dynamique économique de ces pays. Tant que le mythe de l’occident sera vendu et gobé par les africains, les économies occidentales pourront encore longtemps compter sur des lendemains qui chantent.

L’idée d’une contribution au développement économique de l’Afrique grâce aux transferts d’argent de la diaspora est clairement une vue de l’esprit, alimentée par ceux qui ont intérêt à présenter l’Afrique comme dépendante de l’occident. Les principaux pays bénéficiaires des envois de la diaspora africaine sont, par ordre d’importance, le Nigéria, le Ghana et le Kenya, ce qui témoigne d’une diaspora bien plus dynamique que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne francophone. Dans ces pays, il existe des politiques d’incitation à l’investissement par la canalisation des transferts diasporiques. C’est le cas du Gouvernement ghanéen a annoncé en 2019 la création du Diasporan Savings and Investment Account, une structure financière qui sera supervisée par la Banque du Ghana et le Ministère des Finances, et qui collectera les fonds en provenance de la diaspora ghanéenne pour financer en priorité les infrastructures, l’agriculture et le tourisme. Voilà un modèle d’orientation des fonds qui peut servir d’incitateur à une diaspora qui s’investira davantage, de façon canalisée, dans des projets économiques identifiés. Et en cela, nos gouvernements ont un rôle essentiel à jouer. En dehors de ce type de modèle, le supposé miracle des transferts de fonds de la diaspora africaine restera un mirage.

 

Par Paul ELLA

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