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Voici pourquoi la France est le malheur de l’Afrique

On a souvent entendu les différents présidents français mettre en avant la relation historique d’une certaine amitié entre la France et l’Afrique. On entend encore, de façon plus perturbante, des africains s’offusquer des incriminations contre la France dans son jeu trouble en Afrique, nous expliquant que les africains sont eux-mêmes responsables de leur situation. Ces bien-pensants arguent alors avec une assurance de prophète que ce n’est pas la France qui est responsable de la corruption, des détournements, du chômage et des instabilités politiques en Afrique. Un certain ambassadeur de France a même demandé que les africains arrêtent de tenir la France pour responsable de leurs malheurs. Depuis des années que la grogne persistante contre les œuvres de la France en Afrique va grandissante, impliquant désormais des pays non francophones comme l’Afrique du Sud, la France a inventé un nouveau concept pour caractériser cette amplification continentale de son statut de personae non gratta en Afrique : le « sentiment anti-français ». Qu’est-ce qu’ils ne vont pas nous inventer, ces français ! Mais qu’en est-il exactement dans les faits, et qu’est-ce qui explique ce retentissant sentiment dit « anti-français » en Afrique, et la France est-elle réellement innocente des malheurs de l’Afrique ?

 

Les origines historiques d’un désamour

 

Prenons quelques faits historiques qui indiquent à suffisance le rôle majeur de la France dans les malheurs de l’Afrique, n’en déplaise à ceux qui jouent les offusqués face à cette réalité.

  • En 1685, Louis XIV, le plus illustre des rois de France, signe et donne force d’application au Code Noir, un édit destiné aux possessions françaises d’outre-Atlantique fixant « l’état et la qualité des esclaves » en les qualifiant de bêtes de somme et de biens meubles, fondant ainsi les bases structurelles d’un racisme d’Etat entérinant le statut suggéré d’infériorité de la « race » noire ;
  • En 1802, Napoléon Bonaparte, l’une des figures emblématiques de l’histoire de France, rétablit l’esclavage alors que la tendance abolitionniste dans toutes les contrées bat son plein. Cette addiction maléfique atteste du caractère juteux des fruits de cette pratique immonde qui contribue depuis lors à la prospérité de la France et confirme ainsi son statut perpétuel de raciste systémique ;
  • Après les exploits du légendaire Toussaint Louverture qui fera de Haïti le premier pays affranchi des chaînes de la barbarie esclavagiste, la France, non satisfaite du pillage de cette île pendant plus de 300 ans, l’une des plus riches et prospères de l’époque, va imposer à Haïti, en guise de punition pour son audace et comme message de dissuasion aux esclaves des autres territoires, le paiement d’une dette insoutenable pour indemniser les propriétaires d’esclaves. Non, vous n’hallucinez pas. Le pays autoproclamé des droits de l’Homme et des Libertés qui, une petite dizaine d’années plus tôt, venait de connaître sa plus grande révolution synonyme d’avènement du règne des droits des peuples sur le diktat des monarchies anarchistes, décidait que ses victimes esclavagisées devaient payer leurs bourreaux pour avoir osé arracher leur liberté. 21 ans après son indépendance, Haïti commencera à payer des « réparations » à ses anciens esclavagistes dont le montant fixé par Charles X, alors roi de France, s’élèvera à 150 millions de francs de l’époque, soit environ 560 millions de dollars actuels. Haïti mettra plus de 150 ans à payer cette dette, avec un emprunt imposé auprès de la Banque de France, elle-même créée en 1800 grâce aux fruits de l’esclavage. Le taux d’intérêt usurier que la France fixera alourdira considérablement la charge d’Haïti, faisant de ce pays jadis prospère, l’un des plus pauvres au monde. C’est ainsi que s’est fort justement insurgé un journaliste contemporain en ces termes : « Haïti est le seul pays au monde où des générations de descendants d’esclaves ont versé des réparations aux héritiers de leurs anciens maîtres ».

 

L’évocation de cette spoliation criminelle d’Haïti par la France, accentuée par son partenaire de prédation américain qui a fini d’achever ce pays qui croupit depuis dans une misère perpétuée, pourrait être largement suffisante pour comprendre le rejet de la France partout en Afrique, mais nous allons nous donner la peine de visiter d’autres faits historiques accablants.

 

  • Victor Hugo, considéré comme l’un des plus brillants intellectuels de l’histoire de France, déclarait lors de son discours sur l’Afrique en 1879, « Au 19e siècle, le Blanc a fait du Noir un homme. Au 20e siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde». Dans le même discours, l’écrivain évoquera l’Afrique en parlant de ce « continent qui n’a pas d’histoire ». Il renchérira en ces mots, au sujet de l’Afrique : « Peuples ! Emparez-vous de cette terre. […] Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce […] non pour la conquête, mais pour la fraternité. » Coloniser pour la « fraternité », voilà des traces historiques éloquentes d’une France hypocrite et spécialiste du double langage. On se souvient pourtant que la violence des expéditions coloniales en Algérie et en Indochine à cette époque n’avait pas la moindre once de « fraternité ». Il s’agit, nous dira Victor Schœlcher, l’autre apôtre de la colonisation et proche ami de l’autre Victor, de « porter la lumière à des populations encore dans l’enfance, et leur enseigner la liberté et l’horreur de l’esclavage ». Jules Ferry, autre référence historique de la grande France des lumières, reprendra à son compte, cinq ans plus tard, cette obsession de déshumanisation du peuple africain, en déclarant au parlement français : « Sur le terrain économique, je me suis permis de placer devant vous, en les appuyant de quelques chiffres, les considérations qui justifient la politique d’expansion coloniale au point de vue de ce besoin de plus en plus impérieusement senti par les populations industrielles de l’Europe et particulièrement de notre riche et laborieux pays de France, le besoin de débouchés. […] Oui, ce qui manque à notre grande industrie, […] ce sont les débouchés ». Voilà la seule et véritable intention de la colonisation française, déclinée par ces apôtres de l’asservissement des peuples : la prédation économique. Comment un pays avec de telles intentions historiques portées par ses plus illustres penseurs à l’endroit de l’Afrique peut-il encore inspirer la moindre confiance chez les africains ? Et la liste des références historiques de la France des lumières qui ont inspiré le racisme d’Etat dans le pays des droits de l’Homme est longue. Que dire de Voltaire, qui déclarait en 1772, « Les blancs sont supérieurs à ces nègres, comme les nègres le sont aux singes », ou de Montesquieu en 1748 : « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens […] Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir […] De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. ». Devrait-on encore chercher la source du racisme systémique en France ?
  • Evoquons à présent l’enrôlement de force des soldats africains péjorativement traités de tirailleurs, pour combattre aux côtés de la France dans différentes guerres, notamment les première et deuxième guerres mondiales, au cours desquelles les africains, enrôlés de force, étaient systématiquement mis en premières lignes pour servir de chair à canon. En 1944, la France allait poser au moins deux actes éloquents de son caractère fourbe et raciste. Non seulement ce pays des droits de l’Homme a procédé au « blanchiment des troupes » en rapatriant « manu militare » les soldats africains qui venaient de libérer la France de l’occupation de l’Allemagne nazie pour ne pas assumer à la face du monde que ce sont des noirs qui étaient les artisans de sa libération, en les privant de la parade de victoire sur les Champs Elysées le 18 juin 1945, mais pire, en assassinant ces mêmes soldats africains rapatriés qui ne faisaient que réclamer leur solde. C’est le Massacre de Thiaroye, avec des centaines de soldats africains tués sommairement par l’armée française, en guise de remerciement pour leur sacrifice pour la libération de la France ;
  • Un mois avant, le 8 mai 1945, alors que la France célébrait officiellement l’Armistice, c’est-à-dire la fin de l’occupation nazie, et donc la victoire de la liberté sur l’oppression, il se perpétuait, exactement le même jour, des massacres par milliers en Algérie par l’armée française, notamment à Sétif, Guelma et Kherrata, dans des répressions sanglantes des indépendantistes algériens. Comment peut-on dans le même temps célébrer la libération de la France grâce aux africains dont des algériens, et exactement le même jour réprimer dans le sang et le meurtre des milliers d’innocents qui réclament leur liberté ?
  • En 1945, 3 français, Pleven, Soustelle et De Gaulle signent, sans un seul africain, le décret de création du franc CFA qui devra être utilisé dans les colonies françaises d’Afrique. 75 ans plus tard, plus de 200 millions d’africains dépendent toujours de cette monnaie coloniale au service de la France, et la Banque de France a toujours le monopole de fabrication des pièces et billets qui continuent d’asphyxier et de spolier les économies de 15 pays d’Afrique. La France survit depuis lors, de la convertibilité illimitée qui ne profite qu’à ses multinationales et de l’obligation de rétention d’une partie des réserves de change dans les comptes d’opération du Trésor Public français, privant ainsi ces pays de l’essentiel des revenus de leur commerce extérieur. Conséquences, les économies assujetties à cette pseudo monnaie arrimée en parité fixe au franc français puis à l’euro sont condamnées à ne jamais connaître le moindre début de développement, peu importe le folklore des projections prétendument optimistes des dirigeants africains soumis qui ne servent que la cause de leurs maîtres. Rappelons par ailleurs que le franc CFA est d’inspiration nazie, puisqu’imposé aux africains après que la France elle-même ait subi l’oppression monétaire de l’Allemagne qui avait assujetti l’économie française par un arrimage fixe du franc français au deutsche mark en 1940 ;
  • Les parodies des vagues d’indépendance des années 1960, qui ont vu les véritables indépendantistes assassinés ou écartés pour faire place aux valets de la France qui avaient pour mission de perpétuer le système colonial. Il s’agit du néocolonialisme matérialisé par le mafieux mécanisme de la Françafrique, où seules les méthodes et apparences changent, mais les objectifs, les bourreaux, et les conséquences désastreuses sur les victimes restent les mêmes qu’au temps de l’esclavage ;
  • Les implications manifestes de la France dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire et de la Lybie entre 2010 et 2011 pour imposer ses laquais, comme partout ailleurs en Afrique, sont des actes prémédités contre la souveraineté de l’Afrique. A titre de rappel, le djihadisme que la France prétend combattre aujourd’hui au Mali et au Sahel n’est que la conséquence du chaos semé en Lybie par la France et ses alliés ;
  • Les bases militaires françaises partout en Afrique se sont révélées être des forces d’occupation et non de sécurisation. En 6 mois seulement, le partenariat militaire avec la Russie a engrangé des résultats plus pertinents au Mali qu’en 8 ans de villégiature des soldats français de la farce Barkhane. Le départ exigé des bases militaires au Mali et partout en Afrique est alors largement justifié, et tous les pays africains sous occupation militaire de la France devraient suivre cet exemple comme un impératif catégorique. Souvenons-nous qu’après le débarquement de Normandie du 6 juin 1944, marquant l’appui militaire des Etats-Unis à la France contre l’occupation nazie, la France avait exigé le démantèlement des bases militaires américaines sur son territoire, évoquant la compromission de sa souveraineté en présence de bases militaires étrangères. Très curieusement, quand il s’agit d’intégrer la même notion dans le cas de l’Afrique, la France s’entête à y maintenir sa présence militaire, même quand elle est sommée de partir. Décidément, quand le pays du coq n’est pas schizophrène, il est frappé d’amnésie sélective.

Le contentieux historique avec la France est extrêmement lourd et loin d’être vidé. Chaque africain et afrodescendant doit en avoir conscience pour se défaire de la propagande de séduction malsaine de la France qui s’affiche comme le meilleur allié historique de l’Afrique. Il n’en est rien, et c’est précisément l’inverse. La France est bien le pire cauchemar de l’Afrique, et chaque détail de l’histoire l’atteste, sans la moindre nuance. Les prétendues repentances et apparentes prises de conscience relèvent de son expertise en hypocrisie politique. La France qui condamne un coup d’Etat ici et valide un autre là-bas, fustige un président africain pour non respect de la constitution et en félicite un autre pourtant coupable du même acte, confirme le caractère intellectuellement instable des dirigeants successifs de ce pays.

Au moins deux exemples sont éloquents et permettent de définitivement sceller l’impossibilité d’une France repentie. Il s’agit d’une part du théâtral sommet de Montpellier du 8 octobre 2021 qui prétendait faire entendre la voix des africains sur les nouvelles relations envisagées avec la France, comme si la biche pouvait négocier des modalités de chasse avec le lion, et d’autre part, de cette autre farce de l’Eco qui est supposé remplacer le franc CFA en zone CEDEAO, quand on se rend à l’évidence qu’il ne s’agit que d’une simple opération cosmétique qui n’a de changement que dans la forme, sans que la moindre once d’oppression monétaire ne soit remise en cause.

 

Toute l’histoire des relations entre la France et l’Afrique est jonchée d’escroquerie intellectuelle, de mensonges, d’hypocrisie, de vol et de violence. Tout au long de cette histoire tumultueuse, le bourreau qu’est la France n’a eu cesse d’affliger sa victime. C’est la triste histoire d’une ravissante, intelligente et prospère vierge qui s’est retrouvée de force dans un mariage avec son pire ennemi, qui n’a eu cesse de la violer, de la spolier et de l’humilier en permanence depuis le début de la relation, et sans interruption. Par son expertise avérée en fourberie, le prédateur invétéré se présente en victime quand la vierge meurtrie dénonce le caractère inique de cette relation forcée dans laquelle son bourreau ne se préoccupe que de sa propre jouissance. Mais l’heure de la liberté a sonné, et quelles que soient les intimidations du bourreau, la vierge ne se reprendra plus jamais à ce jeu de dupes. La vierge a engagé le processus d’expulsion de son gigolo de bourreau et abandonnera définitivement son statut de victime pour reprendre son destin en main. Du Mali au Sénégal, en passant par la Guinée Conakry, la RCA, le Cameroun, le Burkina Faso et le Tchad, les signes de la fin se dessinent clairement pour le coq français qui doit se rendre à l’évidence que la grogne populaire à son endroit et les mouvements persistants pour son expulsion définitive de notre Afrique ne vont faire que s’accentuer et se répandre partout en Afrique, sans épargner les pays que ses valets de l’intérieur tiennent à maintenir dans le fantasmé pré-carré français. Les populations africaines aspirent à leur souveraineté et rien, mais alors rien ne pourra plus les arrêter. A la France de s’inventer de toute urgence un modèle autre que celui du pillage systématique de l’Afrique, si elle veut maintenir son illusion de grandeur, elle qui est restée la seule nation au monde à s’accrocher à ses anciennes colonies, momifiée dans la nostalgie de son lourd passif d’esclavagiste prospère.

Oui, la France est bel et bien responsable de tous les malheurs de l’Afrique. Mais, comme l’a dit le sage, « Quelle que soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par se lever ». L’horloge de l’histoire tourne en faveur de la liberté de l’Afrique, et le processus de renaissance de la terre mère de l’humanité est engagé et irréversible.

« Le malheur de l’Afrique c’est d’avoir rencontré la France »

Aimé Cesaire

 

Paul ELLA.

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