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Voici pourquoi la crise ukrainienne confirme la fin de l’occident

D’Oswald Spengler à Nicolas Baverez en passant par Michel Onfray, depuis près d’un siècle, des observateurs objectifs et avertis n’ont pas manqué d’alerter sur les signes patents du déclin inéluctable d’un occident de plus en plus fébrile. Les empires sont faits pour naître et disparaître me direz-vous, eh bien, l’heure de la chute de l’occident semble bien actée, et la crise ukrainienne apparaît comme le révélateur ultime.

Aux origines du règne de l’occident

Echappée in extremis de son rayage de la carte du monde après sa guerre fratricide de cent ans doublée de la peste noire qui l’a décimée, l’Europe va recommencer d’exister à la faveur de ses expéditions esclavagistes en Afrique qui démarrent en 1454 et lui offrent main d’œuvre et matières premières gratuites comme manne pour son économie dévastée. Leurs croisades sanglantes en guise de conquêtes impérialistes vont s’étendre aux Amériques où ils vont décimer les peuples indiens autochtones et s’emparer de toutes leurs terres et ressources. C’est le début du diktat de la vision occidentale d’un certain ordre mondial, fondée sur la prédation et l’accumulation effrénée du capital comme seule raison d’exister. Cette obsession va être renforcée par la découverte du pétrole et son rôle prépondérant dans l’économie mondiale dans la foulée des révolutions industrielles du 19e siècle. De l’inconvertibilité en or des monnaies des belligérants de la grande guerre de 1914-1918 au système de changes flottants en 1971, en passant par les accords de Bretton Woods de 1944 après la seconde guerre mondiale et la naissance de toutes les structures financières internationales qui ont suivi, le caractère incontournable du dollar dans les échanges internationaux assorti de la règle perverse de son extraterritorialité, va conforter les Etats-Unis d’Amérique dans leur statut de maîtres du monde du libre-échange. La seconde guerre mondiale va définitivement soumettre l’Europe et le reste de l’occident aux fantasmes américains, le malicieux Plan Marshall du « salut » européen et la création orientée d’institutions internationales dans différents secteurs scellant ainsi la dépendance totale à la tutelle américaine. La consécration des Etats-Unis comme détenteur du monopole dans l’orientation du cours de l’histoire mondiale interviendra en 1989 et conséquemment en 1991, avec respectivement la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l’URSS, matérialisant ainsi la fin de la guerre froide. On l’aura compris, les deux principaux socles de l’ère de domination occidentale sur le reste de la planète auront été l’énergie et la monnaie, plus précisément, le pétrole et le dollar américain.

Les signes de la décadence morale

Sans l’ombre du moindre doute, la civilisation gréco-romaine, muée en civilisation judéo-chrétienne qui nous a été servie comme l’horizon indépassable de l’accomplissement de l’idéal humain est en phase d’agonie avancée. La déchéance morale des sociétés qui sont supposées être les gardiennes des « valeurs universelles » dénote à suffisance de l’imposture de ceux qui s’autoproclament les références en matière de droits de l’Homme et des Libertés. La flagrance de l’hypocrisie occidentale sur ses propres « valeurs humaines » a été palpable dans son double standard manifeste dans cette crise ukrainienne, avec la prédominance du privilège blanc, même dans le cas de réfugiés fuyant la même guerre. Cette réalité discriminante ne date pas d’hier, quand on se souvient que selon la couleur des victimes, l’histoire écrite par les vainqueurs a fait d’Hitler un monstre, de Léopold II et De Gaulle des héros, pourtant les deux derniers cumulent en Afrique plus du double des victimes du premier chez les juifs. Quand l’érection du vice en vertu n’est pas plébiscitée, légalisée et protégée, elle est simplement mal dissimulée, là où la raison résiste encore au diktat des fantasmes libertins. Lorsqu’une société perd ses repères par violation délibérée des codes moraux qu’elle-même prône, c’est la déchéance à l’horizon.

Quand les fondements d’un système s’effondrent

Les éléments factuels de géostratégie indiquent que les énergies fossiles échappent de plus en plus au contrôle du camp occidental, d’une part du fait de l’érosion progressive de sa disponibilité en rapport à sa demande en volumes, et d’autre part du fait des exigences des nouveaux standards écologiques imposés. Mais aussi et surtout, le brutal changement de camp en cours du pouvoir de décision sur l’or noir et ses dérivés. La crise en Ukraine, après les sanctions irréfléchies contre la Russie, est en train d’infliger à l’Europe d’abord, et au reste du bloc occidental ensuite, la pire crise énergétique et donc économique depuis la seconde guerre mondiale. De façon inédite, la guerre en Ukraine se présente comme la fin de l’hégémonie économique des Etats-Unis qui ont fait des guerres dans le monde des catalyseurs pour leur économie, grâce notamment aux ventes d’armes, aux marchés de reconstruction et à l’endettement forcé suivi des remboursements en dollars. La Russie, premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel, deuxième producteur de pétrole au monde et premier producteur de blé de la planète, mais aussi producteur important de tantale, colombium, palladium et autres minerais rares indispensables aux industries occidentales, fait que l’Europe seule dépend à environ 50% de la Russie pour ses approvisionnements en matières premières. La même Europe, téléguidée par les Etats-Unis, vient de se tirer une balle dans la tête avec ces sanctions économiques à l’encontre du pays de Vladimir Poutine. La Russie, quant à elle, ne manque pas de débouchés quand on sait que la Chine, son premier partenaire commercial, ainsi que tous les pays de l’Europe de l’Est sont demandeurs et constituent un marché alternatif juteux et certain.

Le système monétaire international basé sur les mécanismes des institutions de Bretton Woods est lui-même en train de s’effondrer. Dans la vague des sanctions, la Russie a été exclue du système international de paiement SWIFT, les actifs de ses hommes et femmes d’affaires saisis et gelés, ses sportifs et autres artistes exclus des événements internationaux, les réserves en devises de sa banque centrale gelées. Au-delà du caractère illégal et grotesque de telles mesures, c’est un message clair au monde sur la perte de confiance aux institutions occidentales, qui confirment sans ambigüité le caractère partial et partisan de ces structures, manifestement à la solde des intérêts américains, pourtant supposées être neutres sur les questions politiques. Il s’agit là d’un signal fort qui pousse les pays hors occident à des alternatives monétaires, financières et commerciales, dans leurs transactions internationales pour échapper au chantage occidental. C’est le processus de dédollarisation des échanges qui est irréversiblement amorcé et qui, de fait, indique la fin du cycle hégémonique du système capitaliste américain. Cette perspective, plus que réaliste, est de mauvais augures pour les Etats-Unis et ses valets européens. Les occidentaux semblent s’en rendre compte quand on considère cette déclaration de Joe Biden le 21 mars dernier devant des chefs d’entreprises, lorsqu’il affirme que « C’est maintenant que les choses changent, il va y avoir un nouvel ordre mondial, et nous devons le diriger ». Mais là où sa nostalgie d’un passé bientôt révolu le trompe grossièrement, c’est que ce nouvel ordre ne sera pas celui des mêmes qui ont pris le monde en otage depuis plus d’un siècle maintenant. Les crises économiques en Europe que la guerre en Ukraine a commencé à engendrer, la perte de confiance dans le dollar et dans les institutions internationales à la solde des USA, la chute conséquente des institutions financières internationales dont celles de Bretton Woods, l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux au détriment des pays du bloc occidental, le développement d’instruments alternatifs de transactions financières sorties du joug occidental, sont autant de réalités irrévocables en cours qui annoncent l’effondrement du deuxième pilier du système capitaliste, et donc de la fin du modèle financier international actuel.

L’occident abandonné

Les illusions occidentales ne cessent de les surprendre. Mais comme dans un film hollywoodien, les occidentaux espèrent un ultime retournement de situation qui garantira la victoire de l’acteur principal pour confirmer son invincibilité. Mais nous ne sommes pas dans un film de propagande sur la bravoure infaillible des américains, nous sommes dans la réalité, et il n’y aura pas de happy end pour les Predators, parce que Rambo ne sortira pas de sa fiction. Oui, le monde est en train de changer, mais cette fois, pas en faveur des éternels juges et parties. L’une des plus récentes illusions des occidentaux était de penser que dans le conflit ukrainien, le monde entier était contre la Russie pour défendre les « valeurs » de l’occident, mais le vote de la résolution y afférente de l’ONU le 2 mars dernier a démenti de façon cinglante cette chimère. La moitié des pays africains se sont abstenus, ainsi que la totalité des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce qui représente plus de la moitié de la population mondiale. Que les occidentaux qui ont encore un minimum de bon sens captent le message qui leur est envoyé. Non, rien ne sera plus jamais comme avant. L’occident est plus que jamais en péril. L’Afrique, à la lecture de ces événements, se doit, à l’instar du Mali, de confirmer sa volonté d’autodétermination en faisant des choix uniquement en raison de ses propres intérêts. Une interpellation à nos chefs d’Etats, dont certains sont encore des soumis aux desideratas occidentaux par nostalgie d’une époque néocoloniale révolue, afin qu’ils se souviennent du caractère inique et impitoyable des petits arrangements personnels avec leurs mandants, en gardant le souvenir de tous leurs pairs humiliés ou assassinés par leurs « amis » occidentaux. Aux africains qui sont encore dans la fascination du mythe d’un occident en voie de disparition, qu’ils se rendent à l’évidence qu’un rapace mort n’impressionne plus aucune de ses proies, simplement parce qu’il ne volera plus, ni leurs vies, ni dans les airs.

Paul ELLA,

Président du Mouvement African Revival,

Directeur du Centre Africain de Recherche en Géostratégie

Email : africanrevival2020@gmail.com

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