LES NOIRS ET LEURS CRITÈRES DE VALORISATION : ESSAI DE DIAGNOSTIC
Les habitudes et comportements d’un être humain ou d’un groupe de personnes sont en grande
partie l’expression d’un complexe d’émotions, elles-mêmes tributaires d’antériorités vécues ou
transmises. Cette dimension de la psychologie humaine, indispensable à la compréhension des
individus et des peuples, nous est essentielle pour percer le mystère des comportements
collectifs les plus représentatifs. Nous envisageons, dans les lignes qui suivent, de déterminer
les causes et effets de la déstructuration de la personnalité collective africaine et de proposer
un traitement adapté.
Le défi d’exister, avant celui de vivre
A l’observation, les populations africaines et noires en général, partout où elles se trouvent,
dans leurs habitudes quotidiennes, semblent être mues par des aspirations étrangères à leur
volonté intrinsèque. On le sait, tous les individus de la planète, quelles que soient leurs
origines, leurs localisations géographiques et leurs niveaux de vie, sont exposés au formatage
de la pensée par la multitude de propagandes que la société leur impose par divers canaux.
Mais pour autant, une étude des comportements des noirs dans le monde révèle clairement
une spécificité dans l’obsession de prouver à soi-même et au monde entier qu’ils existent. Le
défi est alors d’exister d’abord, et de vivre peut-être ensuite. Pour avoir en permanence
quelque chose à prouver, c’est qu’on souffre d’une carence aiguë de confiance en soi. Or, le
déficit de confiance en soi provient généralement d’une dévalorisation de sa personne par auto
suggestion mais le plus souvent par un conditionnement psychologique externe. La
dépersonnalisation des noirs est le fait d’un complot systémique raciste en cours depuis
l’esclavage qui a donné naissance au racisme légalisé et scientifisé à des fins capitalistes. Les
noirs ont alors été relégués au rang d’objets pour justifier toutes les formes d’abus contre eux.
Ce lavage de cerveaux ininterrompu de plus de sept siècles a considérablement affecté le
psychique collectif africain. Depuis, les noirs n’ont pas encore fini de prouver qu’ils sont « euxaussi » des humains. Être soi-même, s’assumer, rester authentique et imposer ses valeurs parce
qu’on en est fiers, c’est vivre. Or, le noir n’a jamais, depuis le 15e siècle, réappris à vivre. Il en
est encore à se convaincre lui-même d’abord qu’il est un être humain et envisager ensuite de
convaincre la planète entière qu’il existe. Dans cette titanesque mission où il a vu échouer ses
parents et contemporains les plus téméraires, il sait qu’il s’agit d’un combat qui est loin d’être
gagné. Alors, trop souvent, il choisit d’abandonner cette utopie de venir à bout de cet
adversaire invisible et impitoyable, et se sent contraint de se soumettre à la « norme » en
vigueur, celle de se contenter d’exister, en tant qu’humain, ce qui, à bien des égards, constitue
déjà pour ceux qui y arrivent, un énorme privilège synonyme de réussite personnelle.
Des artifices pour se convaincre d’exister.
Puisqu’il faudrait déjà au moins exister dans un monde où les règles ont été définies par ceux
qui détiennent le pouvoir de faire et de défaire, de construire et de détruire, les noirs se
donnent comme ils peuvent, souvent inconsciemment, les arguments à leur portée. Les
artifices au service des noirs qui cherchent à exister à leurs propres yeux et aux yeux du
monde sont divers et variés, et se recrutent dans toutes les sphères de la société. Mais à
chaque fois, ce sera pour se rapprocher le plus du peuple idéalisé dominant, celui qui leur a
appris depuis nos ancêtres que Dieu et ses envoyés spéciaux étaient certainement de toutes les
couleurs possibles, mais surtout pas des noirs. On va alors s’atteler à s’éclaircir la peau, à se
lisser les cheveux ou carrément à s’acheter des cheveux des modèles humains auxquels il faut
à tout prix ressembler pour essayer d’exister. Cela permet également de se rapprocher des
divinités et prophètes imposés qu’on nous a appris à prier au détriment de notre spiritualité
d’origine, plagiée et remasterisée pour nous soumettre à une version falsifiée. Par ailleurs,
lorsqu’on veut matérialiser son ascension sociale, à défaut de divorcer pour épouser la
personne à la bonne couleur de peau, on se tape un second bureau à la peau pâle, qu’elle soit
artificielle ou naturelle, c’est l’apparence qui fait le moine. Au Lycée ou à l’Université, avoir
une copine ou un copain de teint clair, c’est le Saint Graal. Ce sont les effets du Colorisme,
cette variante du racisme intracommunautaire inventée par le colonisateur avec pour objectif
de discriminer entre eux les peuples africains, sur des critères de hiérarchisation par la couleur
de peau et les traits physiologiques. L’application de cette aberration a conduit à des
génocides inter ethniques tels qu’au Rwanda et au Burundi, où les Hutus et les Tutsis se sont
entretués sur la base de considérations insensées définies pour eux. Dans la même veine, on
observe partout en Afrique des conflits internes qui trouvent leurs sources dans l’errance
identitaire des africains, puisque lorsqu’on ne se fait pas la guerre pour des religions héritées
dans la violence, on se détruit pour réclamer notre anglophonie ou notre francophonie. Un
autre indice de complexe compulsif collectif des noirs, c’est dans l’accumulation matérielle et
son affichage ostentatoire. Regardez les stars noires américaines: dans les clips vidéos comme
dans la vraie vie, c’est une démonstration de puissance par la présentation des acquisitions.
Liasses d’argent, grosses voitures, chaînes en or, châteaux luxueux et autres matraquages
bling bling, tout y passe. Non, ils ne sont pas heureux. Ils expriment, eux-mêmes sans s’en
rendre compte, leur misère spirituelle profonde. Ils sont désemparés, ils essaient juste
d’exister. C’est bien la seule communauté aux États-Unis à afficher ce type de comportements.
Et ce n’est pas un hasard. Des noirs déportés par centaines de millions il y a des siècles,
mutilés, chosifiés et privés de tout et surtout d’humanité, se vengent comme ils peuvent sur le
système qui les opprime depuis des lustres. Ils ont vu leur parents trimer, humiliés, rejetés. Ils
ont tout perdu, y compris leur dignité en tant qu’humain, et essaient de rappeler au monde
qu’ils existent.
Mais à un moment donné, il faudra bien commencer à vivre et arrêter de ne faire qu’exister.
Vivre et s’imposer en tant que communauté, en tant que peuple et non seulement en tant
qu’individu ou groupe d’individus assoiffés de revanche mal placée. Au lieu de s’imposer
comme peuple, les attitudes folkloriques des noirs pour exister font plutôt d’eux la risée de
leurs bourreaux, qui se satisfont largement de ces comportements loufoques qui n’ont rien
d’une valorisation mais qui attestent que les systèmes d’oppression ont largement réussi leur
mission de confinement des noirs dans les seuls secteurs du divertissement. Mais la tentative
d’exister par la vanité des biens matériels n’est pas l’apanage des noirs américains. Observez le
train de vie de nos ministres, directeurs généraux de sociétés publiques et fils de présidents en
Afrique ! Des parkings privés de dizaines de grosses cylindrées derniers cris, des patrimoines
immobiliers composés de multiples propriétés à travers le monde dont certaines ne voient des
traces de passages humains qu’une fois l’an etc. Tout cela pour quoi faire? Pour essayer
d’exister, de prouver à nos adversaires qu’on est enfin arrivé et qu’on est désormais
« quelqu’un » dans la société. Triste finalité d’une vie. Il n’y a qu’en Afrique qu’une telle
débauche matérielle de la part des hauts commis de l’État s’observe, eux qui sont très souvent
plus riches que les hommes et femmes d’affaires. Et quand de la multitude de leurs forfaits ils
veulent se donner bonne conscience, ils confirment encore leur égarement en construisant des
chapelles privées pour s’acheter une place au paradis, comme si Dieu marchait dans leurs
combines. Les nantis n’ont pas non plus le monopole de la folie des grandeurs. Il n’est pas rare
en Afrique de voir un citoyen lambda garer une voiture de huit ou douze cylindres flambant
neuve pour rentrer dans un taudis qui lui sert de maison. A côté de cela, exister pour les noirs
passe aussi par la démonstration qu’on est familier avec les habitudes de ceux qu’on essaient à
tout prix de singer. On entend très souvent nos frères et sœurs africains réciter les noms des
rues et boulevards des grandes villes occidentales, ou montrer qu’ils maîtrisent les origines et
modes de consommation des whiskies, champagnes, grands crus et autres millésimes, ou
encore qu’ils savent tout des assortiments du foie gras et du saumon, tout en plaignant les
pauvres « villageois » qui ne savent pas la différence entre un moelleux, un sec et un mousseux.
Par contre, c’est très valorisant de ne pas parler sa langue maternelle, de ne pas souvent se
rendre au village où même de ne carrément pas connaître son propre village dont on a veillé à
expliquer à ses enfants que c’est un repère de sorciers. Rien de plus efficace pour couper notre
descendance de nos valeurs culturelles originelles et en faire de fidèles relais de notre
assujettissement aux idéaux étrangers. On se targue par contre de passer ses vacances en
Occident, en s’assurant de diffuser très largement ses photos devant Big Ben, le Capitole ou la
Tour Eiffel, afin que nul n’en ignore. Bon nombre de parents africains se ruinent pour envoyer
leurs enfants en Europe ou en Amérique, et à défaut, les inscrivent dans des écoles françaises
ou américaines en Afrique, juste parce qu’il s’agit pour eux d’une preuve d’accomplissement
social. Et pour ceux qui n’ont pas des parents fortunés, la fascination pour le mythe de
l’Eldorado occidental est toujours plus grande que le risque de se noyer dans la Méditerranée.
Pour ce qui est de nos pseudos intellectuels, ils seront confortés dans leurs illusions de savants
quand ils auront aligné dans une seule et même intervention, une vingtaine de citations de
Victor Hugo, Baudelaire, Shakespeare ou Emmanuel Kant, ou quand ils auront récité des
théories dont ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants, et dont l’application n’est en
rien bénéfique pour leurs pays. Quant à nos parents, dans le cadre d’une réunion familiale, ils
donneront mécaniquement la primauté de la parole à un frère ou une soeur vivant en
Occident, puisqu’en provenance de la terre promise, et donc nécessairement dotés de la
science bien plus infuse que ceux de leurs enfants qui ne côtoient pas de près la race élue. La
liste des formules qu’adoptent les noirs à travers le monde pour paraître évolués est loin d’être
exhaustive, ce qui atteste d’un cas flagrant de pathologie psychosomatique qu’il convient
d’analyser. Il apparaît alors urgent de dresser un bilan de santé du peuple africain et de
préconiser le traitement de choc qui permettra de le remettre sur pieds.
Diagnostic et prescription
L’Afrique et ses descendants, où qu’ils se trouvent, souffrent de différentes pathologies
sévères depuis des siècles. En tant que peuple, les africains sont principalement frappés
d’amnésie collective avec pour effet la perte totale d’identité. On ne sait plus qui on est, après
une lobotomisation structurelle et inter générationnelle du cerveau qui s’est suivie de
l’installation du logiciel de la soumission avec pour conséquence une aliénation congénitale
perpétuée. Aussi, l’Afrique souffre d’une hernie discale doublée d’une lombargie aiguë qui
l’empêche de se tenir debout du fait d’une colonne vertébrale culturellement endommagée.
Elle se trouve ainsi dans une situation de tétraplégie la privant de tout mouvement
d’émancipation. Les conséquences collatérales de cet état de santé préoccupant est une anémie
sévère ayant entraîné un déficit immunitaire qui expose le grand corps malade de l’Afrique à
toutes les formes d’agressions extérieures qui causent sa misère matérielle et spirituelle. Toute
prétendue restauration de l’Afrique sera vaine tant que ce diagnostic ne sera pas pris en
compte et ne trouvera pas le traitement adéquat. Les colloques et symposiums sur la bonne
gouvernance, la gestion axée sur les résultats, les séminaires sur le renforcement des capacités
ou les prescriptions sur les bonnes pratiques de la démocratie relèveront toujours du théâtre
tant que le mal de l’Afrique ne connaîtra pas un traitement qui s’attaque à sa racine. La
première prescription est celle de la refonte totale des systèmes éducatifs en Afrique, qui sont
d’abjects vestiges coloniaux au service de nos bourreaux qu’il faut impérativement balayer
pour donner à nos programmes académiques des contenus qui reflètent nos valeurs et notre
vision propres. Il faudra, dans la même urgence, réécrire les Constitutions (lois
fondamentales) africaines et tous les textes juridiques qui portent jusqu’ici les germes
pathogènes du colonisateur, et qui font de nos États des prolongements de la pensée coloniale,
et de nos dirigeants des relais serviles des désidératas de leurs maîtres extérieurs plutôt que
des serviteurs de leurs peuples. Ensuite, il faudra repenser nos modèles économiques et les
sortir du mimétisme des schémas imposés par les officines internationales au service des
intérêts occidentaux. La restauration de la vérité historique, la réappropriation de notre
authenticité culturelle, le renforcement de nos armées et le développement des échanges
commerciaux intra communautaires sont des ingrédients indispensables à la recette de la
liberté de l’Afrique. Mais il est certain que la tâche de cette noble et lourde mission ne sera
pas une balade de santé, quand on sait que les noirs sont, du fait du tableau dépeint dans le
présent article, les premiers réfractaires à leur affranchissement des chaînes de leurs geôliers
dont ils ont fini par tomber amoureux par le miracle du syndrome de Stockholm. Mais en
guerriers avertis, nous n’avons pas perdu de vue que nos adversaires sont aussi bien de
l’extérieur que de l’intérieur, la seconde catégorie étant la plus vicieuse et la plus pernicieuse.
Les nègres de maison, tels que les décrivait Malcolm X, ne voient aucun intérêt et même,
trouvent non seulement risqué mais surtout insensé d’oser vouloir se défaire d’une soumission
qu’ils ont fini par assimiler à un ordre naturel et même divin des choses.
Paul ELLA
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