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FAUX PROCÈS CONTRE LES PARTENARIATS AFRIQUE-RUSSIE

Cela n’a échappé à personne, la Russie est en plein repositionnement sur l’échiquier
mondial, après une cinquantaine d’années d’un monde bipolaire qui s’est terminé en 1989
avec la chute du mur de Berlin, puis en 1991 avec le démantèlement de l’Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Ce tournant de l’histoire ne s’est pas fait par la
force de la nature, mais par la ruse du bloc occidental et son leader, l’impérialiste en chef
américain. Depuis, l’Europe et le reste de l’Occident ne sont plus que de petits chiots dociles
derrière le grand méchant loup étatsunien. L’humanité abandonnée à l’arrogance
démentielle des États-Unis ayant transformé le monde en jungle, où seuls les fantasmes
américains ont droit de cité, il a fallu l’arrivée d’un homme providentiel, en la personne de
Vladimir Poutine pour redistribuer les cartes. La barbarie du système occidental qu’on nous a
imposée comme seul référentiel des valeurs universelles allait, plus que jamais, être exposée
au grand jour.

L’Afrique qui est au centre de tous les enjeux géopolitiques depuis le 15e siècle, doit
impérativement se défaire du statut de faire-valoir dont elle a été affublée. Elle doit
s’assumer et prendre ses responsabilités, selon sa propre vision et ses propres intérêts dans
un monde où le continent de Chaka Zoulou est réduit au simple rôle de pourvoyeur de
richesses, pendant que ses peuples croulent sous le poids d’une misère indicible. C’est ainsi
que la Russie et l’Afrique ont fait le choix de se rapprocher, dans une logique de
reconfiguration des relations internationales dans la perspective salutaire d’un monde
multipolaire.

Le deuxième acte du Sommet Afrique-Russie qui vient de s’achever est l’expression par
excellence de ce rapprochement stratégique, avec à chaque rencontre, plus de 40 pays
africains qui répondent présents à ce grand mess de la reconfiguration de la géostratégie
mondiale. Une démarche qui remet en cause l’hégémonie de l’Occident, toujours enclin à
une malhonnêteté viscérale qui n’a que la violence et la fourberie pour mode d’expression.

C’est alors que surgissent des raisonnements d’illuminés qui font le procès à l’Afrique d’un
simple changement de bourreaux. Ce type de réflexion qui relève d’une légèreté
intellectuelle affligeante, suggère soit de la naïveté, soit de la connivence.
Tout d’abord, cette réflexion est insultante parce qu’infantilisante, comme si l’Afrique ne
pouvait pas réfléchir par elle-même, en ayant pour seule aptitude le changement de maître.
Les africains qui tiennent ce genre de propos ne font que reprendre servilement le narratif
de l’impérialisme occidental, qui a malheureusement bien réussi son lavage de cerveaux en
laissant croire que les africains étaient des incapables, et donc des éternels assistés. Cette
insulte à nos intelligences est de trop, et surtout déplorable quand elle est reprise
docilement par des africains. La profonde déstructuration du continent africain par
l’esclavage et la colonisation a durablement affecté nos peuples qui ne savent plus qui ils
sont, et qui ont assimilé le mensonge multiséculaire de leur infériorité. Les africains ont bien
compris ce qu’ils ont subi avec l’Occident, et ne sont pas prêts à d’autres formes de
soumission.

L’autre grave erreur que ces illuminés font, c’est qu’ils confondent les postures des laquais
de chefs d’États africains aux aspirations des peuples. Ce n’est pas parce que certains
dirigeants africains se soumettent à l’Occident que les peuples cautionnent. Les dirigeants
africains qui prennent leurs ordres à Paris, Washington et Londres le font au nom de leurs
ambitions personnelles et au mépris de leurs peuples.

Faire un procès à l’Afrique sur son rapprochement avec la Russie est un non-sens complet.
Aucune nation ne pouvant vivre en autarcie, l’Afrique affaiblie par des siècles de spoliation
et de traumatismes, a besoin d’alliances stratégiques pour se relever. Quand vous êtes dans
une relation où votre partenaire s’arroge le droit exclusif de faire et défaire les règles du jeu
à sa guise et selon ses caprices, quand dans cette relation vous êtes violés, falsifiés, mutilés,
insultés, méprisés, spoliés et humiliés depuis des siècles et sans interruption, le bon sens
suggère que vous alliez voir ailleurs, parce que, quoiqu’il arrive, cet ailleurs ne sera jamais
pire. La Russie n’a jamais esclavagisé ni colonisé l’Afrique. D’un point de vue historique, la
Russie a toujours été aux côtés des pays africains lors des luttes d’indépendance. En termes
de présent, la Russie confirme sa différence avec l’Occident hégémonique en réalisant des
partenariats gagnant-gagnant dans divers secteurs. On peut l’observer au Mali, où depuis
que l’appui militaire russe est effectif, les résultats contre le terrorisme sont de très loin plus
éloquents au bout d’à peine un an que les simulacres de sécurisation du territoire que la
force (ou plutôt la farce) française Barkhane a enregistré en plus de dix ans. Laquelle France
joue comme à son habitude les pompiers-pyromanes, quand on se souvient que c’est elle qui
a installé l’insécurité au Sahel en déstabilisant la Libye. Plusieurs autres exemples sur la
spécificité du partenariat Afrique-Russie peuvent être cités. Pour ce qui est de la projection
vers le futur, il serait insensé pour tout africain raisonnablement constitué de continuer de
croire aux fables d’un quelconque intérêt dans les relations avec l’Occident.

A la faveur de l’actualité, il est évident que l’effondrement du modèle occidental est en
mode accéléré et irréversible. Le PIB des BRICS est d’environ 31,5% contre 30,7% pour le G7.
La population des BRICS représente plus de la moitié de la population mondiale, ce qui a une
signification pertinente en termes de main d’œuvre, de parts de marché, et donc d’avenir
commercial. Les BRICS sont en train de mettre sur pied leur propre banque centrale et leur
propre monnaie, ce qui va inéluctablement entraîner le déclin du dollar et donc celui de
toute la « civilisation » occidentale. Parlant de civilisation, les BRICS n’ont pas emboîté le pas à
la déperdition des valeurs morales qui accélère la chute actuelle de l’Occident. L’Afrique et
les BRICS ont encore en commun le sens de l’ordre naturel, loin du libertinage pervers des
sociétés dépravées que plébiscite l’Occident.

Non, faire le choix de la Russie comme nouvelle orientation des relations internationales
dans un monde qui se dessine multipolaire ne relève pas d’un changement dans la continuité
de la soumission. Les africains sont matures et déterminés à ne pas retomber dans la même
escroquerie intellectuelle dans laquelle l’Occident les a piégés depuis sept siècles. Nous
avons retenu la leçon, et les marques indélébiles des oppressions ininterrompues ne laissent
aucune chance à l’amnésie, même partielle. Sur les traces de ceux qui ont payé de leurs vies
pour la liberté totale du Continent, nous sommes confortés dans la nouvelle orientation
d’une Afrique debout, grâce à des leaders de plus en plus éclairés, qui remplacent
progressivement mais sûrement ces marionnettes de l’Occident qui nous servent de
dirigeants. La libération du Continent est un processus irréversible, et servir de serpillère à
l’Occident n’est plus une garantie de maintien au pouvoir. Après le Mali et le Burkina Faso, le
cas récent du Niger est édifiant. Ce qui a commencé en Afrique comme révolutions va se
propager partout où des dirigeants africains s’entêteront à ne pas lire les signes des temps.

Paul ELLA

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