QUAND LES AFRICAINS SE RENDENT COMPLICES DE LEUR CONDITION
Quand il s’agit de sujets futiles qui parlent de sexe, de bagarres de stars, de prix des voitures et perruques des bimbos, des dénouements des séries télé Novelas ou Nollywood, des polémiques de quartier, de commérages et de procès en sorcellerie, de football et des coûts faramineux des transferts, des règlements de comptes politiques entre voyous de la République, bref, tout ce qui écarte les africains des véritables problématiques, là, ça fait le buzz, tout le monde a son mot à dire. Les publications et soi-disant « influenceurs » qui relaient ces sotises font des millions de vues et voient leurs abonnés se démultiplier de façon vertigineuse. La mission d’égarement des africains est une réussite incontestable.
Quand il s’agit de politique et d’avenir du Continent, du franc CFA qui spolie les économies africaines, de souveraineté du Continent qui est menacée au Niger et ailleurs, de la nécessité d’écrire notre propre histoire trop longtemps falsifiée, de retrouver notre authenticité culturelle bafouée qui nous fait oublier qui nous sommes pour singer l’étranger, de l’urgence de la refonte de nos systèmes éducatifs qui sont des vestiges de la colonisation et qui nous maintiennent dans la dépendance culturelle et spirituelle, de la paupérisation de l’Afrique par des mécanismes capitalistes mafieux au service de l’oligarchie mondialiste, des enjeux pour l’Afrique dans le tournant historique du cours des évènements, bref, tout ce qui est essentiel pour l’avenir de notre Continent et de son peuple, mais aussi de celui du monde et de l’humanité, ça n’intéresse plus personne, on trouve cela ennuyeux, et on estime que c’est l’affaire des dirigeants. Or ces dirigeants, corrompus pour la plupart, n’en n’ont rien à cirer non plus. Et l’Afrique est ainsi livrée à elle-même, les africains supposés se battre pour la dignité de la terre de leurs ancêtres ayant démissionné de leurs responsabilités, mettant en avant toutes sortes de fallacieux prétextes pour se dédouaner de cette incohérence inacceptable.
Mais quand il faut se plaindre et crier que rien ne va en Afrique, se vanter d’avoir visité les pays « développés » ou se targuer d’y vivre, dénigrer les rares africains courageux qui risquent leurs vies pour la liberté du Continent, veiller à prendre ses distances avec l’Afrique pour bien afficher son rattachement au camp des « évolués », confondre tous les vices de nos oppresseurs en vertus, se dédouaner de toute responsabilité et attendre les miracles du ciel, jouer les savants en avançant des théories stériles pour dire ce qu’il faudrait faire pour que tout change par un coup de baguette magique, là, tous les africains sont des experts. Mais en réalité, céder aux sirènes de la facilité pour préférer la distraction à la détermination, c’est de la lâcheté. Les africains lâches sont encore trop nombreux, et c’est la seule explication rationnelle de la situation de l’Afrique à ce jour. L’essentiel des africains se contentent d’assurer leur survie au quotidien et de sécuriser le confort apparent de leurs familles nucléaires, tout en se complaisant dans la situation actuelle.
Si les africains commençaient seulement à prendre conscience des enjeux, s’ils se souvenaient seulement de la portée des sacrifices consentis par nos héros disparus, s’ils mesuraient l’importance du combat Panafricain que mènent celles et ceux qui risquent leurs vies au quotidien, ils cesseraient d’être distraits par des futilités. Ils cesseraient de combattre leurs frères. Ils cesseraient de se contenter d’encourager les initiatives panafricaines du bout des lèvres. Ils prendraient position et s’engageraient franchement, car le temps presse, et devant l’incontournable tribunal de l’histoire, nous rendrons des comptes.
Par Paul ELLA
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