Catastrophisme démographique : l’Afrique met-elle la planète en danger ?
Réchauffement climatique, famines, guerres, immigration, crises économiques, pauvreté, épidémies et pandémies, tous les fléaux anciens et nouveaux qui sévissent ou menacent notre planète sont depuis des lustres sur la table d’experts en tous genres et de politiques de tous bords. Mais voici, depuis plusieurs décennies, de façon imperturbable et quasi mystique, au sortir de diverses concertations et tâtonnements abusivement frappés du sceau de la science, le cœur de tous ces maux semble avoir été identifié : la démographie. L’Afrique, avec ses 1,4 milliard d’habitants en 2021 et son taux de croissance annuel de 2,7%, doublera son effectif à l’horizon 2050, faisant ainsi du continent de Cheikh Anta Diop le centre névralgique du monde préoccupé dont elle représentera le quart des habitants, avec en 2100, un être humain sur trois qui sera africain. Résultat des courses, l’intelligentsia de l’inaltérable connaissance messianique universelle a désigné le coupable idéal : l’Afrique. Mais qu’en est-il réellement ? Essai d’analyse.
L’obsession du déséquilibre économique
La croissance démographique incontrôlée menacerait l’équilibre économique des nations et exposerait ainsi les populations à une liste interminable de dangers. Il serait donc impératif pour les économies de veiller à ce que la démographie qui évolue de façon exponentielle ne soit pas plus rapide que le taux de croissance économique qui lui, évolue de façon arithmétique. Cette thèse dont l’un des initiateurs originels est Adam Smith, économiste écossais du 18e siècle, est exposée dans son ouvrage intitulé « La Richesse des nations », paru en 1776. Prônant le libre-marché par sa théorie de la « main invisible » inspirée de celle du « laissez-faire » du polymathe britannique William Petty, il est depuis lors considéré comme le père du capitalisme. A sa suite, un de ses disciples, le britannique Thomas Robert Malthus, publiera à son tour « Essai sur le principe de la population » en 1798, au sein duquel ouvrage il développera une théorie démographique pessimiste qui donnera naissance à une doctrine économique, le « malthusianisme », qui prônera le contrôle strict de la croissance de la population comme caution de prospérité économique. Ces thèses successives prospéreront en Occident et seront reprises et remodelées à leurs comptes par différentes personnalités scientifiques et politiques. C’est ainsi qu’Henry Kissinger, alors Conseiller à la sécurité du Président américain Gerald Ford et Secrétaire d’Etat, produira un rapport classé secret défense intitulé « National Security Study Memorandum 200 (NSSM 200) » en avril 1974, où il exposera de façon détaillée, l’impératif catégorique d’un contrôle des naissances comme gage de prospérité économique mondiale, mais de façon plus précise et plus subtile, il y expose, à renfort d’arguments et de stratégies, comment assurer une croissance démographique zéro pour assurer au pays de l’Oncle Sam son privilège sur l’accès aux ressources reconnues abondantes des pays « pauvres ». Ledit rapport, déclassifié depuis 1989, a servi de base conceptuelle et opérationnelle des gouvernements américains suivants. C’est ainsi que les Etats-Unis, à coups de financements et de chantage, allaient octroyer des « aides » publiques au contrôle de la population mondiale, assumant la mission divine de sauver la planète d’une surpopulation désastreuse pour l’humanité. Ces fonds américains sont passés de 2,1 millions de dollars en 1965, soit 15,4% de l’aide étrangère américaine totale à 185 millions de dollars en 1980, ce qui représente plus de 50% de cette aide. Entre 1981 et
1989, l’Agence Internationale Américaine pour le Développement (USAID) consacra 3 milliards de dollars aux activités de contrôle des naissances, soit trois fois plus que le volume des dépenses pour les mêmes objectifs pendant les 15 années antérieures. Selon un rapport de l’USAID, les USA fournissent environ 75% des contraceptifs dans les pays en voie de développement, ce qui inclut les contraceptifs oraux, les préservatifs, la stérilisation chirurgicale et 50 millions de stérilets. La même source fait fièrement part de ce que l’USAID finance des programmes de réduction de population dans 95 pays en voie de développement, 45 d’entre eux en Afrique sub-saharienne, à travers la promotion des techniques d’avortement et de stérilisation, la plupart d’entre elles étant réalisées sous contrainte, comme en Asie, en Afrique et en Ibéro-Amérique. En dépit de la détresse de l’Inde faisant face à un besoin vital de blé en raison des sècheresses répétées dans les années 1960, les EtatsUnis conditionneront leur aide au respect du contrôle des naissances. L’Inde d’Indira Gandhi cèdera sous la pression américaine, en instituant un programme national de stérilisation obligatoire. Et que dire du programme officiel de stérilisation forcée aux Etats-Unis entre 1929 et 1974 qui ciblait les noirs et qui a fait près de 10.000 victimes ?
Obsédées par l’Afrique, les brigades anti-démographie font du continent de Kwame Nkrumah la cible principale de leur génocide conventionnel. Aucun des discours et analyses de ces apôtres du catastrophisme démographique ne déroge à la règle de pointer du doigt le coupable idéal. Le Président français Emmanuel Macron a même ouvertement tancé les femmes africaines d’accoucher trop d’enfants. Le monde entier a les regards rivés sur l’Afrique avec une compassion apparente, mais aux intentions de prédation certaines. Mais que dit l’Afrique ?
L’obsession du dérèglement climatique
Mais la tonalité sombre des prophètes en croisade contre la croissance démographique ne se limite pas qu’à l’évocation des présumées conséquences économiques. Ils ressortent désormais, depuis au moins le rapport « Meadows » intitulé « Les limites de la croissance », commandé par le Club de Rome et publié en mars 1972, que le réchauffement climatique et la croissance économique sont liés par une corrélation positive. Rédigé par un groupe de scientifiques du Masachusetts Institute of Technology (M.I.T), ce rapport affirme, à grand renfort de graphiques, l’effondrement inéluctable du système mondial actuel sous la pression de la croissance démographique et industrielle, à moins que l’humanité ne prenne l’option de stabiliser sa population et sa production à travers le concept de « croissance zéro ».
Les principales critiques de ce rapport sont qu’il fait la part belle aux pays industrialisés au détriment des pays dits pauvres ou en voie de développement. En effet, les pays occidentaux ayant plafonné leur niveau d’industrialisation et pourtant responsables de l’essentiel des émissions des gaz à effets de serres, dans un occidentalo-centrisme éhonté, décident unilatéralement d’un gel du niveau de développement de la planète sans tenir compte des retards à combler des autres pays.
L’écologue William Vogt, l’un des précurseurs du catastrophisme écologique, s’impliquera dans le mouvement pour le contrôle des naissances, en devenant en 1951 président de la Planned Parenthood Federation of America. Son mouvement sera financièrement soutenu par
des grands groupes industriels américains grâce à un lobbying efficace auprès des plus hautes instances internationales. On aura ensuite une mobilisation de tous les instants, veillant à uniformiser les esprits autour du consensus prescrit, avec l’obligation de rallier les guerriers visionnaires des urgences de la planète, au risque d’être mis au banc des climato-sceptiques, et de se retrouver ainsi exclus du cercle des illuminés de la bien-pensance universelle. Depuis, les rencontres et résolutions s’enchaînent, et les ralliements à la grande cause se font avec des motivations diverses, pourvu qu’on soit au garde-à-vous des injonctions de la vision messianique. Du rapport Mc Namara en 1967 à la COP21 et l’accord de Paris en 2015, en passant par la conférence de Génève en 1979, le sommet de Rio en 1992, la conférence de Kyoto en 1997 ou le protocole de Kyoto en 2012, la planète entière est mobilisée, du moins ceux qui la représentent et ceux qui réagissent favorablement aux sirènes des manœuvres par la peur.
Une fois de plus, l’Afrique, n’échappe pas au doigt accusateur des détecteurs du bien et du mal. L’éternel bouc-émissaire de l’univers est encore incriminé, avec sa population sans cesse croissante et la théorie persistante de corrélation entre croissance démographique et pollution. Le très illustre Nicolas Sarkozy, en grand expert de toutes les grandes causes, n’hésitera pas à déclarer, sans cligner des yeux, qu’étant donné que «La population de l’Afrique va passer de 1 milliard à 2,3 milliard (…) quand vous pensez que le seul Nigéria aura plus d’habitants que les Etats-Unis dans 30 ans… », « Vous voyez bien que la première cause de la dégradation de notre environnement, c’est l’explosion de la population ! ». Que dire face à ce niveau d’ignorance abyssale que ce pseudo argument respire ?
Population, ressources économiques, dérèglement climatique : quelles relations ?
L’Afrique, c’est plus de 30 millions de kilomètres carrés, et de ce fait, c’est l’Europe, les EtatsUnis et la Chine réunis. Les thèses alarmistes sur la démographie du monde et notamment de l’Afrique et sa croissance jugée exponentiellement inquiétante ne tiennent pas la route, ni pour les conséquences économiques, ni pour les conséquences climatiques. Les théories pseudos-économiques relatives à un risque de pénurie des ressources sous la menace d’une évolution démographique non contrôlée sont hasardeuses et ridicules. Aucun économiste digne de ce nom ne peut perdre de vue que c’est le capital humain qui est le principal levier de création de richesses. Plus il y a du nombre, plus il y a une main d’œuvre qualifiée et plus il y a une demande donc une offre conséquente pour la satisfaire. Quitte à considérer que seule une infime partie de la population participe à la production pendant que la majorité de celleci se contente de consommer passivement, ce qui reste totalement absurde. Plus d’êtres humains, c’est plus de têtes bien faites grâce à l’éducation et la formation. C’est plus d’ingénieurs, d’ouvriers, d’architectes, d’experts dans tous les secteurs, et donc plus de technicité, de créativité et de générations de revenus sur la base des ressources largement disponibles, le tout créant une économie dynamique et prospère. Car oui, en effet, contrairement à l’idée mensongère véhiculée par les médias occidentaux et à dessein, l’Afrique n’est pas pauvre et est très loin de l’être. La richesse prétendue de l’Occident n’est que spéculative, et le système bancaire et financier mondial est une arnaque gigantesque que coiffent les institutions de Bretton Woods pour entretenir d’un côté une richesse virtuelle et de l’autre une pauvreté fictive par le canal de l’endettement. L’Afrique à elle seule regorge de
plus de la moitié des richesses mondiale du sol et du sous-sol, et environ 60% des terres arables de la planète, avec le climat le plus favorable au monde pour faire prospérer toutes sortes de cultures. D’où vient la panique ?
Concernant le réchauffement climatique, là encore on assiste à une supercherie malsaine et maladroite des prédateurs séculaires. Absolument aucune recherche scientifique sérieuse n’a jamais fait état d’une quelconque corrélation entre démographie et climat. Mais alors aucune ! Juste des fantasmes que relaient à volonté les apôtres de la peur. Monsieur Sarkozy qui pointe du doigt l’Afrique affiche son inculture patente en omettant de noter que ce qui compte dans l’appréciation du niveau d’émission de dioxyde de carbone, principal élément causant les effets de serres et le dérèglement climatique conséquent, ce n’est pas le nombre d’habitants, mais la capacité de pollution individuelle. Dans ce sens, aucun pays africain ne se compte dans le top 10 mondial des pays pollueurs d’après le BP Statistical Review of World Energy 2020. De plus, le même aventurier ignore que plutôt que de se focaliser malhonnêtement sur le volume de la population, il devrait considérer la densité de celle-ci qui est son rapport à la superficie d’un espace donné. A ce titre, les prophètes d’une Afrique encore responsable de cet autre malheur de la planète doivent apprendre que le continent de Myriam Makeba a une densité plus faible que l’Europe ou l’Asie. Pour illustration, la ville de Lagos qui compte 20 millions d’habitants a une densité plus faible que celle de Paris ou Monaco, qui sont chacune 2,5 fois plus densément peuplées que la ville du Nigéria. Alors, de quoi parle-t-on ? Aussi, il est scientifiquement démontré que les changements climatiques sont d’une part due à l’activité polluante de l’Homme, et d’autre part aux cycles naturels précisés dans la théorie de Milutin Milankovitch de 1941 qui fait état de trois principaux paramètres : l’excentricité, l’obliquité et la précession des équinoxes. Ce sont ces phénomènes qui rendent compte de l’alternance des cycles glaciaires et interglaciaires durant le Quaternaire. Rien à voir donc avec le volume de la population ni le taux de croissance démographique. Enfin, la pollution en Afrique est encore le fait de l’Occident, par la présence de ses multinationales en exploration et en exploitation de nos ressources minières.
L’Afrique, bouc-émissaire idéal ?
L’objectif de l’Occident c’est de faire de ses préoccupations propres les angoisses du monde, et c’est connu, avec l’Afrique en souffre-douleur privilégié. Les risques économiques et climatiques qu’ils évoquent ne sont pas ceux de l’Afrique, mais ceux de l’Occident. La pauvreté latente et déjà perceptible se trouve en Occident et non en Afrique. Les économies occidentales sont à bout de souffle, et cela va aller s’empirant. D’où la panique et la fertilité d’esprit machiavélique de ses différents dirigeants. Le faible taux de natalité occidental qui va continuer de baisser sans interruption fera de l’Europe le continent le moins peuplé d’ici 2100. Faiblesse démographique étant synonyme de pénurie de main d’œuvre et donc de déficit de richesses. En plus de cela, leur industrialisation à outrance a créé des instabilités écologiques comme leurs libertinages des mœurs couplés à l’impérialisme capitaliste déshumanisant qui a contribué à freiner considérablement la dynamique démographique. Sans perdre de vue un sol et un sous-sol dépourvus de richesses naturelles suffisantes pour le train de vie qu’ils se sont donnés. Le tableau d’avenir de ce que leur propagande considère comme étant le « vieux continent » est bien sombre. Alors, ils ont besoin de s’organiser par tous les moyens pour
accélérer leur main basse sur l’Afrique et ses ressources. Mais ce qui les obsède par-dessus tout, c’est la bombe démographique à retardement de l’Afrique. La Chine les a surpris, et il est hors de question qu’ils s’y reprennent une seconde fois. Cette seule éventualité est un cauchemar pour l’Occident et ses dirigeants successifs, depuis au moins le fameux rapport secret d’Henry Kissinger. Alors, les africains doivent rester attentifs et n’exclure de la part de ces loups furieux, aucun coup tordu. Quitte à être paranoïaque, il vaut mieux ne pas se laisser avoir par leur fourberie habituelle. Il y a déjà une série de manœuvres non anodines en cours, telle que le projet de la carte à un milliard de dollars de la Banque Mondiale en 2014 pour financer l’exploration et l’exploitation des richesses minières de l’Afrique. Il y a le FMI et ses chantages à la dette, la pression aux mœurs importées telle que les droits des LGBTQ et autres abominations, les pandémies subites assorties de vaccins miracles etc. Aucune prétendue aide venant de l’Occident pour l’Afrique n’est animée de la moindre once de sincérité. Tous les prétextes sont bons pour légitimer leur projet de génocide démographique. L’objectif clair et affiché de l’Occident, c’est une Afrique sans les africains. L’esclavage et la colonisation ne leurs ont pas suffi. Il leur faut désormais passer par toutes sortes de subterfuges pour recoloniser l’Afrique. Quand est-ce que nous finirons par nous en rendre compte et nous réveiller ? La question de la démographie en Afrique comme cause de pauvreté et de dérèglement climatique est la farce de trop que les africains ne peuvent gober naïvement. Aux africains de lire entre les lignes et de rester vigilants face à l’intelligence maléfique de ses prédateurs.
Paul ELLA Expert-Financier Président AFRICAN REVIVAL
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