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Le Franc CFA, instrument de génocide économique

« Donnez-moi le contrôle de la monnaie d‘une nation et je n‘aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois. », dixit Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la surpuissante dynastie des magnats du système banquier et financier mondial depuis près quatre siècles. En clair, ceux qui détiennent les mécanismes monétaires sont les véritables maîtres, faisant subir aux millions de ceux qui en dépendent, toutes les conséquences de leurs caprices, y compris les plus iniques.

Monnaie de destruction massive

Les articles et autres publications sur la question du Franc CFA et ses incidences funestes sur les économies africaines qui l’ont en partage font florès depuis au moins six décennies. Cependant, il ne serait pas superflu de mettre l’accent sur le caractère criminel de cette monnaie d’oppression des peuples. Il ne s’agit pas d’homicides involontaires ni de quelques victimes isolées, mais bien de plans machiavéliques de destruction, de nuisances préméditées, d’asphyxie entretenue et perpétuée des masses selon des mécanismes élaborés et éprouvés, à destination de populations ciblées. Selon les définitions consacrées de sources faisant foi, il s’agit bien d’un génocide, quoi qu’économique. Car, tuer délibérément à la kalachnikov ou étrangler économiquement conduisent tous à la mort, la seconde plus cruelle, car plus lente, insidieuse et pernicieuse. Avec le Franc CFA, la France continue de se servir, de sévir et d’asservir impunément, avec au bilan des pays spoliés et ghettoïsés, des victimes innocentes par centaines de millions depuis 75 ans aujourd’hui, et en prime, l’outrecuidance de brandir cette parodie de monnaie comme une aubaine pour les pays africains. Une insulte de trop à nos intelligences. Tchundjang Pouémi, Kako Nobukpo, Nicolas Agbohou et bien d’autres, ont mené et continuent de mener le combat de ce qu’ils considèrent à juste titre comme le gage ultime de libération d’une servitude monétaire presque séculaire, souvent au péril de leurs vies et de leur liberté, à l’instar du premier, qui a payé de sa vie l’audace de la publication de son ouvrage intitulé « Monnaie, servitude et liberté », paru en 1980, et qui déjà dérangeait, puisqu’il y dénonçait l’escroquerie à ciel ouvert de cet outil de répression économique hautement préjudiciable à l’Afrique.

Aux origines maléfiques du Franc CFA

Le franc CFA, Franc des colonies françaises d’Afrique, devenu plus tard franc de la « communauté financière africaine » pour l’Afrique de l’Ouest, et franc de la « coopération financière » pour l’Afrique centrale, est créé le 25 décembre 1945 par un décret signé par trois français, à savoir Charles de Gaulle, président du gouvernement provisoire, René Pleven, ministre des Finances pour le compte de la France, et Jacques Soustelle, ministre des colonies, pour le compte des pays africains. En somme, une monnaie destinée non pas à servir les économies africaines, mais à assouvir les appétits économiques de la France, puisque décidée unilatéralement par celle-ci, et donc dans ses seuls intérêts, à l’exclusion des africains dont se joue pourtant le destin de centaines de millions d’âmes.
La France, vaincue et conquise par l’Allemagne hitlérienne en mai 1940 lors de la seconde guerre mondiale, qui fera de Brazzaville au Congo sa capitale, n’était pas que sous domination militaire nazie, mais aussi économique et notamment monétaire. Avec à la manœuvre
Herman Goering, Ministre de l’Economie d’Hitler, la France a subi le nazisme monétaire allemand avec beaucoup plus de rigueur que les autres territoires conquis par l’Allemagne, à l’instar de la Belgique et de la Pologne.
Faisant écho de l’asservissement monétaire de la France, René Sédillot publie en 1945 son livre intitulé « Le Franc enchaîné, Histoire de la monnaie française pendant la guerre et l’occupation » au sein duquel il constate : « Avec les siècles, les formes de pillage sont devenues plus savantes. Les anciens Germains dévastaient en toute simplicité les pays qu’ils avaient conquis. Leurs descendants, en 1940, ont recouru à une méthode de rapine plus subtile et plus fructueuse : ils ont mis le Mark à 20 Francs ». Cette manipulation du taux de change en parité fixe qui est une forme manifeste d’oppression, est le principal visage du nazisme monétaire appliqué à la France qui le reproduira à son tour, et en pire, sur l’Afrique qui venait pourtant de la libérer de l’occupation nazie. Sacré reconnaissance ! C’est ainsi que la France de De Gaulle créera le Franc CFA en 1945, en appliquant à l’Afrique quasi in extenso l’arsenal statutaire du nazisme monétaire que lui a infligé l’Allemagne et qui fut entre autres inclus dans la convention d’armistice signée le 22 juin 1940 entre la France vaincue et l’Allemagne triomphante. D’où la considération logique et légitime du Franc CFA comme une forme accentuée du nazisme monétaire, synonyme d’oppression et de servitude économique.
D’un point de vue historique, la France sort de la seconde guerre mondiale avec une économie lancinante, qu’elle va relever grâce à ses colonies d’Afrique, qui constituent des sources inépuisables de richesses du sol et du sous-sol, mais aussi de main d’œuvre gratuite. En somme, une forme édulcorée d’esclavage. Le décret de création du Franc CFA constitue alors une aubaine inespérée pour la France, puisque le Franc français affaibli et déprécié va être revigoré grâce à la parité fixe qui en fait une monnaie stable bénéficiant d’une base arrière économique solide. En effet, la libre circulation des capitaux grâce à la garantie illimitée de convertibilité permet aux entreprises françaises implantées dans les pays d’Afrique de la zone CFA de rapatrier leurs bénéfices en Europe sans aucun risque de change. La France, avec la naissance du Franc CFA, venait de créer la colonne vertébrale de la Françafrique et de ses réseaux mafieux toujours en activité, en même temps qu’elle venait de décider unilatéralement de l’arrêt de mort économique des pays africains concernés.

Le franc CFA, un crime contre l’humanité

Tous les dirigeants français, depuis De Gaulle, devraient être au moins traduits à la CPI, y compris à titre posthume, si cette juridiction était objective et non exclusivement conçue et orientée contre les dirigeants africains, tout comme les affidés africains de la France qui, volontairement ou par contrainte, maintiennent leurs peuples dans cette servitude monétaire et économique dévastatrice.
L’esclavage et la colonisation marquent les esprits, et à juste titre, par leurs atrocités du fait de leur caractère spectaculaire et ostensible. Mais la servitude économique et monétaire, directement inspirée du nazisme allemand que la France continue de faire subir à l’Afrique depuis 1945 est de loin plus pernicieuse et criminelle. Le Franc CFA est bien la source de tous les maux des pays qui en dépendent. La privation de souveraineté monétaire dépouille de toute dignité, tout en garantissant l’aliénation culturelle des peuples ainsi que la servitude
économique et politique des Etats. Les maux tels que la corruption, le tribalisme, la mal gouvernance et les détournements de deniers publics prennent naissance et s’amplifient avec l’absence de politique économique autonome du fait d’une monnaie pensée, fabriquée et gérée par l’extérieur pour des intérêts autres que ceux des économies auxquelles elle est destinée. Tous ces maux intermédiaires sont à l’origine de la pauvreté, de l’exil économique, des maladies, de l’absence d’hôpitaux, de l’insalubrité, de la déscolarisation, de l’extraversion des économies, de la désindustrialisation, des dictatures et de toutes les tares des pays victimes. En somme, la clochardisation structurelle planifiée de populations innocentes ciblées qui cause la mort silencieuse mais certaine de dizaines de millions de personnes ne saurait être qualifiée autrement que de crime contre l’humanité, avec pour criminel en chef, le pays auto-proclamé des droits de l’Homme.

Asphyxie économique, obstacle au développement

Le Franc CFA, depuis 75 ans aujourd’hui, n’est d’aucun intérêt pour l’Afrique. Bien au contraire, les économies des pays de cette zone monétaire sont parmi les dernières du continent. Pour preuve, aucun des pays du Franc CFA n’est présent dans le classement Banque Mondiale des 10 pays les plus prospères du continent. Les banques centrales d’Afrique Centrale et de l’Ouest, ne sont en réalité que des guichets du Trésor Public français, c’est-àdire du Ministère des Finances de France. C’est ce département ministériel français qui définit la politique monétaire des 14 pays d’Afrique et de leur centaine de millions d’habitants. En effet, les textes régissant les missions du Comité de Politique Monétaire de la BEAC et la BCEAO, précisent que cet organe qui a pour missions la gestion des réserves de change et la définition de la politique monétaire, dispose de 14 membres dont les directeurs nationaux de chaque pays-membre, qui ne peuvent en aucun cas être des porte-voix de leurs pays respectifs. Les ordres pour ces deux aspects essentiels à toute monnaie sont donc reçus directement de Paris.
Arrimé en parité fixe à l’euro qui est une monnaie forte, le Franc CFA constitue une taxe sur les exportations, ce qui comprime la créativité économique et freine l’industrialisation, tout en favorisant la consommation de produits étrangers par l’importation et l’accès prioritaire aux produits des multinationales localement implantées. Résultat des courses, nos pays ont des économies extraverties, puisqu’ils produisent ce qu’ils ne consomment pas et consomment ce qu’ils ne produisent pas. A titre d’exemple, le Cameroun importe environ 300 milliards de francs CFA de denrées alimentaires chaque année, alors que le pays dispose de 7,2 millions d’hectares de terres arables pour seulement 1,8 millions d’hectares exploités. Parallèlement, du fait de l’absence d’industrialisation, les premiers consommateurs de nos matières premières brutes sont les pays hors zone CFA, qui s’approvisionnent à des prix imposés et dont les produits manufacturés nous sont revendus par le canal de l’importation à des prix décuplés, et depuis 2016, sans recettes douanières pour nos budgets, du fait des clauses de disparition progressive des barrières tarifaires, conformément aux accords de partenariats économiques avec l’Union Européenne. Toutes choses justifiant les déséquilibres structurels de nos balances commerciales.
L’Afrique est ainsi prise en otage d’un point de vue économique, puisqu’elle ne dispose librement ni de sa politique monétaire, ni de sa politique budgétaire, les deux piliers
indispensables à toute politique économique autonome. En effet, ne pouvant librement faire recours ni à l’inflation ni à l’endettement pour booster leurs économies, nos économies se retrouvent ainsi asphyxiées. A titre de comparaison, la politique monétaire des pays de la zone euro étant décidée par la BCE, les taux d’inflation des pays membres restent très bas du fait des critères de convergences de Maastricht, mais ces pays font recours à l’alternative de l’endettement via leurs politiques budgétaires souveraines, d’où leurs niveaux de dettes publiques particulièrement élevés, dépassant largement les exigences du même traité qui fixe le plafond à 60%. Absence de manœuvre qui détruit littéralement les économies des pays de la zone Franc CFA.

Victimes d’un système de prédation

Privées de leurs réserves de change, d’abord à 100%, puis à 65% et désormais à 50%, part du produit de notre commerce extérieur qui est abusivement retenue dans les comptes d’opération du Trésor français, les économies de la zone CFA manquent pourtant du minimum vital. Cette réalité freine le dynamisme économique des pays africains qui ne peuvent pas jouir librement du fruit de leurs exportations, fruit des efforts des agents économiques locaux, depuis le plus petit paysan jusqu’au plus grand agent économique. Ceci a pour conséquence d’impacter négativement les recettes budgétaires en aggravant les déficits à cause des effets cumulés d’importations massives au détriment de nos produits locaux. Il s’en suit fatalement la fragilisation du potentiel industriel de nos pays qui se voient contraints de résumer leurs économies à la vente des matières premières brutes, sans transformation, à des tarifs imposés unilatéralement par les acheteurs, principalement occidentaux, causant ainsi des déficits structurels de balances commerciales et de paiements. L’obstruction de l’essor économique des pays CFA est également le fait d’un environnement bancaire et financier hostile quand on sait que les marchés financiers sont embryonnaires et les banques essentiellement commerciales, donc peu encline aux financements de long terme du fait de leurs ressources essentiellement constituées de dépôts à vue, donc exigibles à première demande, conformément au respect du principe de correspondance des échéances. De plus, les banques de premier ordre des Etats de la zone CFA sont à 80% des banques à capitaux occidentaux qui n’ont pas vocation à financer les économies des pays d’accueil. En effet, plus de 75% des concours bancaires accordés dans nos économies sont des prêts à court terme destinés essentiellement à des particuliers, soit des crédits à la consommation. Les concours bancaires à long terme étant prioritairement réservés aux multinationales originaires des mêmes pays que ces banques. Comment les économies des pays dépendant de la zone CFA pourraientelles envisager un quelconque développement quand, conformément aux accords monétaires postcoloniaux avec la France, le volume total des crédits à accorder dans nos pays est plafonné selon la situation de leurs avoirs dans les comptes d’opération, qui eux-mêmes restent faibles du fait de la contraction de notre commerce extérieur ? Comment s’étonner du paradoxe de la cohabitation de la situation de surliquidité bancaire structurelle actuelle depuis une vingtaine d’années et du rationnement de crédit, dont l’explication partielle provient des exigences de la Commission Bancaire à travers ses ratios prudentiels de liquidité et de solvabilité ? Enfin, comment s’étonner de l’atonie des économies du Franc CFA quand la politique monétaire de leurs banques centrales imposée par le Ministre des Finances français a pour principale mission le maintien de l’inflation à des taux anormalement bas pour des
économies où absolument tout reste à faire ? Il est pourtant établi que l’inflation reste l’option ultime dans des politiques expansionnistes indispensables aux pays qui aspirent au développement économique, notamment lorsque ces pays disposent d’une marge importante de croissance. Il ne peut y avoir d’industrialisation dans des économies dont les politiques font de la lutte contre l’inflation un objectif prioritaire exclusif. C’est une aberration. Ceux qui présentent la maîtrise de l’inflation à des taux excessivement bas comme une réussite pour les pays de la zone CFA sont soit ignorants, soit de mauvaise foi. Le besoin de maîtrise de l’inflation de la zone euro à des taux bas s’explique par le fait que les pays concernés sont suffisamment industrialisés et doivent gérer la quantité de masse monétaire par des politiques conformes au niveau de développement et donc de stocks de richesses acquis, ce qui ne correspond guère aux problématiques africaines. Le maintien de l’inflation à des niveaux inférieurs à 3% comme c’est le cas dans la plupart des pays de la zone CFA ne correspond plus à la désinflation recherchée, mais à la déflation, ce qui est destructeur pour nos économies, puisqu’elle les asphyxie par absence de dynamique de création, ce qui entraîne le chômage de masse et l’asthénie économique.

Du Franc CFA à l’Eco, ou le prolongement de la supercherie

En matière de mépris, de mensonge et d’hypocrisie, la France est championne du monde toutes catégories. De ces trois médailles d’or qui font sa réputation au moins millénaire, on comprend mieux son entêtement à s’accrocher à ce qu’elle s’obstine à considérer contre tout signe des temps, comme son pré carré en Afrique.
C’est dans cet exercice favori d’imposture que le Sénat français, conformément à l’esprit d’impérialisme monétaire qui sous-tend son rapport à l’Afrique depuis le décret créant le Franc CFA en 1945, va ratifier unilatéralement le passage du Franc CFA à l’Eco en janvier 2021, sans aucune concertation préalable avec les 8 pays ouest africains de l’UEMOA concernés par la réforme. Au-delà du mépris, c’est un vol manifeste. En effet, l’Eco correspond à l’abréviation d’ECOWAS, sigle anglais de la traduction de CEDEAO qui regroupe les 16 pays d’Afrique de l’Ouest, au-delà de la zone CFA donc, incluant ainsi des pays tels que le Ghana et le géant Nigéria. Un véritable hold-up économique doublé de malhonnêteté intellectuelle dans cette escroquerie d’Etat de la part des dirigeants français et de leur principal allié de la Côte d’Ivoire.
On nous présente alors l’Eco comme la fin de la servitude monétaire et la preuve ultime de la magnanimité de la France qui aurait enfin eu une oreille attentive aux revendications de plus en plus pressantes pour la fin de l’exploitation économique outrancière par cet instrument d’opiniâtreté coloniale. Mais à y regarder de près, il s’agit encore d’une arnaque. Un simple coup de vernis sur un bois pourri. Un simple aménagement cosmétique. Un simple coup de com.
Comme innovations révolutionnaires de l’avènement de l’Eco, on nous brandit le changement de nom, la fin de la représentation des français au sein de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la fin des réserves de change dans les comptes du Trésor Public français. Pour le changement du nom, coutumière du fait, la France avait déjà eu recours à ce tour de passe-passe cosmétique en retirant du sigle CFA la présence gênante de la mention « colonie ». Mais pour autant, décider de renommer un serpent par « agneau » ne rendra pas
le serpent moins sournois et mortel. Ensuite, la désormais absence annoncée des représentants français dans les institutions monétaires est un leurre, puisqu’il n’est nul besoin de leur présence physique pour y maintenir l’influence de la France. Les ennemis de l’intérieur et autres nègres de maison, tels que Malcolm X désignait les infiltrés, ou les Bounty, selon Frantz Fanon, sont toujours nombreux et disponibles pour servir les intérêts de l’Hexagone contre leurs peuples, et trop souvent, avec un zèle bien plus destructeur. Enfin, la fin des réserves de change dans les comptes d’opération n’implique pas qu’elles ne seront plus retenues abusivement, mais simplement qu’elles seront désormais logées ailleurs, des indications faisant état de la Banque des Règlements Internationaux ou de la Banque Centrale Européenne, ce qui ne change strictement rien pour les africains. En revanche, cette nouvelle disposition est bien à l’avantage de la France, puisqu’elle lui permet de réaliser des économies substantielles, en n’ayant plus à supporter les 0,75% de charge d’intérêts liées à l’hébergement de ces réserves.
Après ces trois farces qu’on nous vend comme salutaires, demeurent inchangées les dispositions relatives à la parité fixe du Franc CFA à l’Euro, et à la garantie illimitée de convertibilité. Ces deux points maintenus dans la réforme cosmétique annoncée démontrent à suffisance que rien n’a changé. En effet, c’est le cœur de la pomme de discorde et la source de tous les malheurs causés par le Franc CFA dans nos économies. Dans l’un des paragraphes supra, nous vous avons fait part des raisons pour lesquelles la parité fixe avec une monnaie forte comme l’Euro était fortement préjudiciable aux économies africaines qui en dépendent. Pour ce qui est de la garantie illimitée de convertibilité, l’idée d’un avantage pour les économies des pays africains concernés est une absurdité absolue. La convertibilité illimitée a été pensée à l’origine pour favoriser les activités commerciales des multinationales françaises et occidentales. En effet, la parité fixe FCFA/Euro ou Eco/Euro permet aux multinationales françaises et européennes de continuer d’acquérir des matières premières africaines (cobalt, manganèse, cacao, café, bananes, bois, or, pétrole, uranium, diamant…) au franc symbolique sans avoir à débourser la moindre devise, tout comme elle autorise les mêmes entreprises à investir en zone CFA sans courir le moindre risque de dépréciation monétaire, sans oublier la facilité de rapatriement des bénéfices réalisés. Le Franc CFA n’a donc d’intérêt que pour la France, l’Europe et leurs multinationales. En Afrique, son usage n’a d’utilité que dans l’espace économique local, vu qu’à l’extérieur, il n’est pas reconnu en tant que monnaie et ne sert dans aucune transaction internationale. Le Franc CFA est à peine plus utile qu’une monnaie de Monopoly, et l’imposture de l’Eco à venir n’y changera rien.

Sortir de l’oppression monétaire

Le nazisme monétaire qu’exerce le « pays des droits de l’Homme » sur ses anciennes colonies ne saurait être jugulé à l’initiative d’une France agonisante dont la survie économique en dépend. La délivrance économique et la fin du mépris ostentatoire et de la spoliation séculaire des 14 pays de la zone CFA et de l’Afrique toute entière dépendent de leurs populations, leurs dirigeants ayant fait le choix de vendre leurs âmes et de sacrifier leurs peuples sur l’autel de leurs intérêts personnels, au profit de leurs mandants et maîtres étrangers. L’impérialisme hégémonique arrogant de la France se manifeste davantage par l’accaparement de tous les avantages possibles du Franc CFA, y compris l’impression de ses billets de banque, marché
juteux dont elle prive les 14 pays de la zone depuis le départ. De plus, l’expression du paternalisme répugnant par la privation de souveraineté monétaire se manifeste également au niveau du Fonds Monétaire International (FMI), où c’est encore la France qui élabore le rapport annuel de la zone CFA, en lieu et place des pays africains concernés, pourtant membres de la même Institution. A l’image de son héros de référence historique privilégiée du siècle dernier, la France est un géant aux pieds d’argile, mieux, un nain qui se mire en permanence dans un miroir déformant, grossissant et trompeur. Sans ses anciennes colonies d’Afrique, la France en déclin aussi bien socialement, culturellement qu’économiquement, avec ses presque 120% du PIB de dette publique conséquents à son déficit budgétaire structurel, serait reléguée au mieux au 40e rang mondial des pays qui ont voie au chapitre dans le concert des nations. Il y va de son intérêt qu’elle se délivre de ses nostalgies coloniales et de ses méthodes passéistes obsolètes, et trouve d’autres sources de survie économique que le dépouillement systématique sauvage et honteux de l’Afrique, car l’éveil des consciences de la jeunesse africaine ne se laissera plus compter. Le temps de la France paresseuse et assise sur ses certitudes est révolu. Et ce n’est pas le tour de passe-passe cosmétique avec l’Eco qui pourra nous distraire. La montre de l’histoire tourne irréversiblement dans le sens de la liberté d’une Afrique qui retrouve sa dignité.

 

Paul ELLA Expert-Financier/Président de l’Association African Revival

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