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CONSTRUIRE A TOUT PRIX, UNE OBSESSION CAMEROUNAISE

Au Cameroun, bâtir sa propre résidence, c’est depuis deux décennies, le défi d’une vie. Habiter chez soi, c’est le signe ultime d’un accomplissement, c’est la marque de distinction sociale par excellence.

Le marché des matériaux de construction, et conséquemment celui de l’immobilier, connaissent un boum considérable depuis une vingtaine d’année, et ce n’est pas le seul fait des grands projets dits structurants. La crise économique qui a frappé l’essentiel des pays d’Afrique subsaharienne dans les années 1990 après les plans d’ajustements structurels criminels imposés par le FMI, a plongé les camerounais dans une vie d’ascèse sans précédent. Remis de ces souffrances, les habitudes de dépenses se sont orientées vers l’investissement dans la pierre, telle une nouvelle volonté de sécuriser l’avenir. De plus, l’augmentation des risques d’emprisonnement des gestionnaires indélicats de la fortune publique face à la déferlante d’arrestations des plus hautes personnalités sur fond d’opération Epervier, a amené les camerounais à transformer leurs liquidités en actifs immobiliers, avec le soin de sécuriser leur patrimoine au nom de la nièce, du beau-frère ou de la « Njomba » du quartier. A Yaoundé et Douala, la génération spontanée de ces nouveaux riches a entraîné l’émergence de nouvelles zones huppées telles que Koweit City, Santa Barbara ou Denver, reléguant ainsi au second plan les quartiers traditionnels des « Bôbôs » que sont Bastos, Dragages, Bonapriso ou Bonanjo.

S’il est évident que construire sa propre maison est un noble projet, on est en droit de s’interroger lorsque cette légitime ambition se transforme en course effrénée au point de s’endetter dangereusement ou d’y faire passer ses dernières économies. Résultat des courses, la qualité de vie de plusieurs camerounais est compromise pour s’être laissés entraîner dans une compétition folle pour la prime au patrimoine immobilier le plus insolent. On entend alors souvent dire que les investissements réalisés sont destinés à la postérité. Fallacieux prétexte pour se dédouaner des folies de grandeurs motivées par la seule obsession de paraître.

Le meilleur héritage qu’un parent puisse léguer à sa descendance, c’est celui qui ne subira jamais ni vol, ni détérioration, et ne sera jamais source de conflit entre les héritiers. C’est l’éducation aux valeurs humaines et l’acquisition des savoirs. Investissez des millions, pourquoi pas des milliards, si vous en avez, pour la qualité intérieure de vos enfants plutôt que pour la quantité extérieure. Sillonnez les villes du Cameroun et comptez les immeubles abandonnés. Les porteurs de ces projets ont soit surestimé leurs capacités, soit ont fait face à des difficultés imprévues, mais toujours est-il que leurs projets, pour la plupart, démarrés pourtant à coups d’énormes sacrifices, ne verront jamais le jour. Certains qui ont tout sacrifié pour parvenir à boucler leurs projets de construction ont quitté prématurément cette vie sans pouvoir jouir du confort de leurs efforts. Parcourrez nos villages et observez les innombrables duplexes et autres forteresses, dont le luxe ostensible des lustres et carreaux italiens importés de Dubaï ne profitent qu’aux lézards et aux chèvres, les propriétaires vivant en Europe ou aux Etats-Unis n’y mettant les pieds qu’une fois tous les deux ans. Que dire de ces maisons à deux ou trois étages dont seul le rez-de-chaussée sera finalement habité, les paliers supérieurs étant désormais inaccessibles aux propriétaires ayant franchi la barre des 70 ans ! Comble du supplice, personne pour aider ces vaillants grabataires à occuper les innombrables pièces du château, les enfants ayant grandi et leurs différents destins les ayant conduits vers divers et lointains horizons. Préoccupant aboutissement du projet de toute une vie.

Paraître à tout prix est un poison pour la vie. Vivre par procuration est une prison pour l’esprit. L’obsession de construire pour exister aux yeux de la société est une aberration. Construire sa propre maison pour y vivre doit être une partie de plaisir et non une source d’insomnies. Vos projets de construction doivent répondre à vos aspirations personnelles et non au jugement des autres. C’est ainsi que votre propriété sera un havre de paix plutôt qu’un argument de démonstration de votre existence.

 

Paul Ella,

Email : africanrevival2020@gmail.com

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